Selon une étude (juillet 2017) du CEREQ -Centre d’études et de recherches sur les qualifications-, le niveau de qualification est un paramètre discriminant dans la gestion de sa formation par le salarié.
La loi du 4 mai 2004 a créé le droit individuel à la formation (Dif) permettant au salarié de mobiliser les heures acquises chaque année pour se former. Le nouveau compte personnel de formation (CPF) issu de la loi du 5 mars 2014 s’inscrit dans cette logique.
L’étude fait ressortir plusieurs enseignements :
* Si la majorité des salariés souhaitent se former dans les 5 années à venir, avec peu de différences selon le niveau de qualification, les demandes de formation exprimées au cours de la dernière année concernent 31% des salariés et sont très inégalement réparties : les salariés occupant les emplois les moins qualifiés formulent moins de demandes de formation = dans les 12 derniers mois, 19% des ouvriers pour 50% des cadres.
* Le souhait de se former chez les salariés plus qualifiés est lié à l’envie de faire évoluer leur activité et leurs responsabilités. Les ouvriers non qualifiés et les employés visent plutôt à changer de métier ou d’entreprise.
* Les salariés occupant les emplois les moins qualifiés ont moins de marge de manoeuvre dans le choix de leurs formations. Lorsque l’entreprise finance la formation, elle cherche à répondre à ses propres objectifs. Elle souhaite aussi motiver et fidéliser, ce qui explique que les cadres bénéficient plus souvent de de formations de motivation, prenant plus en compte leurs souhaits individuels.
* Les services RH doivent améliorer l’accès à la formation avec les nouveaux outils à disposition en diffusant l’information utile. La fonction RH a un rôle essentiel à jouer en la matière en développant des échanges personnalisés (entretiens spécifiques consacrés à la formation) et des décisions collectives dans le cadre des concertations avec les représentants du personnel. De telles pratiques favorisent la transparence (informations sur les possibilités de formation) et le choix personnel (possibilité de se choisir le contenu des formations). L’entretien professionnel, issu de la loi de 2014, permet de renforcer ces dispositifs : l’entretien professionnel, le conseil en évolution professionnelle, le CPF doivent permettre une meilleure articulation entre les souhaits des salariés, notamment les moins qualifiés, et les possibilités réelles de formation.
La nouvelle réforme de la formation professionnelle à venir en début 2018 devrait poursuivre cette logique.
Pour en savoir plus : étude CEREQ « La formation en entreprise face aux aspirations des salariés », de JM Dubois et E Melnik-Olive.