Un an après la promulgation de la loi Égalité et Citoyenneté, certaines mesures s’appliquent aujourd’hui très concrètement, comme l’obligation pour les entreprises de plus de 300 salariés d’inscrire leurs recruteurs à des formations à la non-discrimination à l’embauche. Qu’en est-il concrètement?
Stéréotypes inconscients, inévitables et différents pour chacun, en fonction de son parcours, explique Evelyne Philippon, formatrice. Plus que le cadre légal, qu’il faut bien sûr rappeler, c’est ce déclic qui est essentiel selon elle : « Ils prennent conscience qu’ils ont projeté quelque chose. L’apparence physique, l’origine, quelqu’un qui a un signe religieux, l’âge… Il y a des recruteurs qui peuvent dire ‘ah bon, c’est vous ?’ et là, la personne en face comprend. Il faut repérer le moment où l’échange peut déraper; ce qui marche bien pour ça, ce sont les simulations ou les jeux de rôles. »
Des séances d’une à deux journées, qui permettent de mettre des mots sur un sujet très sensible, voire tabou. « Il est plus confortable pour un manager de recruter quelqu’un qui lui ressemble, or c’est ça qu’on veut combattre… » Combattre avec les bons outils : la formation aborde aussi par exemple la question des tris de candidatures réalisés par les logiciels de ressources humaines, à la limite de la légalité, prenant en compte par des critères d’âge ou de code postal des candidats.
Les formations permettent de mettre le doigt sur les moments où la relation entre recruteur et candidat bascule, parfois aussi du fait de l’auto-censure du recruteur, qui n’ose pas poser une question. Le candidat ne sera alors pas retenu car l’entreprise manquera d’information sur lui. La règle, c’est qu’aucune question n’est interdite, tant qu’elle est en rapport avec le poste. Après cette formation, l’entreprise a aussi changé la manière dont on rédigeait les annonces : on ne cherche plus « une assistante de direction », par exemple, un certain nombre d’annonces ont été « déféminisées ».
Ces formations ont aussi leurs limites. Elle ne concerne que les entreprises de plus de 300 salariés, et ce sont donc les recruteurs et managers les plus aguerris qui suivent cette formation : ceux qui auraient le plus besoin de cette prise de conscience ne sont pas concernés par l’obligation. Cependant, depuis la loi, certaines entreprises plus petites se sont inscrites volontairement.
Pour en savoir plus : ► ÉCOUTEZ le reportage de Claire Chaudière
https://www.franceinter.fr/societe/les-recruteurs-se-forment-pour-ne-plus-discriminer