*Quels principaux enseignements faut-il tirer de la baisse du chômage en 2018, de l’ordre de 0,2 %, annoncée par Pôle emploi et le ministère du Travail ?
Le 14 février, la publication de l’enquête emploi de l’Insee pour le 4ème trimestre donnera une vraie vision de l’évolution du chômage, sachant que le nombre d’inscrits à Pôle emploi n’est qu’une donnée administrative dont l’évolution n’est corrélée aux évolutions du chômage au sens du BIT.
Les dernières prévisions de l’Insee de décembre 2018 font plutôt état d’une stabilisation ou d’une très légère diminution du taux de chômage. Le taux de chômage de 9,1 % au 3ème trimestre ne devrait pas beaucoup bouger au 4ème 2018. Pour le 1er semestre 2019, l’Insee prévoit une quasi stabilité du taux de chômage (-0,1 %). Ceci est en ligne avec le ralentissement assez marqué de la croissance observée depuis la fin 2017 dans un contexte où la population active reste dynamique. Les données de Pôle emploi montre une forte hausse de la catégorie D : demandeurs qui ne sont pas en recherche d’emploi, par exemple parce qu’ils sont en formation.
*Tandis que les entreprises éprouvent des difficultés à recruter, la France a 3,4 millions de chômeurs sans activité : comment expliquer ce décalage et le réduire ?
Les difficultés de recrutement ne sont pas nouvelles même si le niveau est préoccupant. La spécificité française tient à la coexistence d’un chômage de masse et de difficultés de recrutements. Dans la dernière enquête de conjoncture de l’Insee sur les intentions d’embauche, 37 % des entreprises citent le manque de main d’œuvre compétente comme barrière à l’embauche fin 2018 contre 25 % début 2017. A ce niveau de tension, la croissance économique elle-même est entravée. L’origine des difficultés de recrutement n’est pas toujours liée à l’insuffisance des compétences ; les conditions de travail parfois difficiles (restauration) et la mauvaise image expliquent une partie de la grande difficulté dans certains secteurs. Mais l’insuffisance des compétences et du niveau de formation initiale et continue des chômeurs en France expliquent aussi cette situation, ceci concernant tous les secteurs et tous les niveaux de qualification.
A cet égard, le programme d’investissement dans les compétences (PIC), concentré sur les chômeurs des premiers niveaux de qualification et les jeunes en insertion, est correctement ciblé. Mais les régions, en charge de ce programme, doivent proposer de véritables parcours professionnalisants : construction du projet professionnel et accompagnement vers le retour à l’emploi en passant par la formation proprement dite. Ce programme est aussi un levier pour transformer les modes d’apprentissage (avec le numérique et l’intelligence artificielle), l’appareil de formation restant encore traditionnel et n’étant pas toujours adapté au public visé.
Pour en savoir plus : https://www.institutmontaigne.org/blog/chomage-une-baisse-en-demi-teinte