Les violences conjugales sont de nature à affecter la vie des salariés au travail : un sondage réalisé par un collectif de grandes entreprises européennes atteste de cet impact. L’étude présente en outre de bonnes pratiques utiles pour soutenir les salariés concernés.
Le réseau européen d’entreprises « OneInThreeWomen » a recueilli les témoignages de victimes de violences conjugales, pour rendre compte de l’impact de ces violences sur le monde du travail. 6 grandes entreprises européennes ont participé à cette enquête : Kering, L’Oréal, Korian, Carrefour, BNP Paribas et OuiCare en partenariat avec la fondation Face (« Agir contre l’exclusion »)..
A retenir :
*16 % des femmes ayant répondu au sondage et 4 % des hommes déclarent avoir déjà été victimes de violences conjugales : un chiffre moins élevé que dans d’autres études, s’expliquant par le facteur culturel qui dissuade a prise de parole sur ce sujet. Les répondants sont principalement des femmes (74 %), plus jeunes, mieux formées avec poste plus important. Si la faible représentativité des répondants ne permet pas de tirer des conséquences claires, l’étude met en exergue les conséquences de ces violences sur la vie professionnelle des intéressées.
*Plus de la moitié des personnes ayant subi des violences conjugales déclarent que celles-ci ont affecté leur travail : retards, absences, moindre productivité du fait du harcèlement et des violences subies. Un quart des victimes ont pris des congés pour cette raison.
*Pour 16 % d’entre elles, les conséquences se poursuivent sur le lieu de travail : réception d’appels téléphoniques et messages injurieux de la part de leur conjoint violent, emails et/ou harcèlement via les réseaux sociaux, harcèlement direct sur le lieu de travail par leur conjoint présent physiquement.
*La personne violente peut prendre contact avec les collègues de son conjoint (37%) : ceux-ci peuvent être affectés par la situation : signes de violences à travers les troubles émotionnels ou blessures physiques perceptibles chez la victime, confessions directes…20 % affirment que la détresse du salarié victime a eu des conséquences sur leur propre travail :stress et’anxiété …
*Seules 37 % des victimes de violences conjugales se sont confiées à leurs collègues : sujet évité parce que jugé inapproprié sur le lieu de travail, par peur/ honte, déni ou crainte de conséquences…
Recommandations de « OneInThreeWomen » :
*Continuer à développer un programme de promotion de l’égalité femmes-hommes : la lutte contre les inégalités et les stéréotypes permet de déconstruire les « normes sociales relatives à la violence et à la masculinité
*Sensibiliser au sujet comme d’action dans l’entreprise avec désignation d’un porte-parole formé à la lutte contre les violences conjugales …
*Développer une politique en consultant les salariés et les syndicats avec pour objectif la fixation des mécanismes de soutien aux salariés : assistance sociale, congés payés ou sans solde, horaires de travail flexibles, plans de sécurité et signalement aux services spécialisés…avec possibilité d’ inclure des actions sur les rôles et les responsabilités de l’entreprise et des managers. Laurie Mahé Desportes
Pour en savoir plus : Etude OneInThreeWomen, 14 novembre 2019