L’Institut de l’entreprise propose une analyse à visée prospective, sur le thème du travail….
En raison du confinement généralisé, le travail est questionné sous tous les angles par le contexte épidémique et la crise économique. L’observation des impacts en matière d’organisation et de pratiques permet d’envisager quelques évolutions au travers de la capacité des entreprises à assurer la continuité de leur l’activité en période de crise avec une puissance d’adaptation variant selon les secteurs et les métiers.
*Caractéristiques communes aux organisations ayant adapté leurs modes de travail
–Culture du télétravail préexistante : les entreprises déjà dotées de capacités informatiques suffisantes, d’outils appropriés et d’une première culture du télétravail ont mieux su adapter leurs activités. Ex : Dassault Systèmes , PwC, Kaufman & Broad
-PCA suffisamment robustes pour pouvoir être adaptés : les entreprises disposant de Plans de Continuité d’Activité construits et déjà testés ont engagé une transition agile et réactive en procédant à une actualisation en urgence. Ex : Carrefour, Klésia, Auchan
-Réseau international bien écouté et mis à contribution : le réseau international des groupes s’est révélé un atout déterminant pour identifier en amont les risques et prendre les mesures adéquates en temps et en heure. Ex : Michelin, Saint-Gobain.
*Sens du travail soudain partout perçu comme plus existentiel.
–Abolition de la frontière artificielle contribution économique /contribution sociale de l’entreprise : Face à l’adversité, le travail semble prendre un nouveau sens avec une mobilisation des collaborateurs : raison d’être, solidarité, utilité sociale, raison …Ex : Mazars , BNP ,Aon France
–brouillage de la frontière entre l’activité économique et l’action solidaire : un constat partagé d’un engagement accru au sein des équipes avec des actions de volontariat interne et de bénévolat externe des salariés. Ex : ADP, La Fondation Total , L’Oréal
*Frontière plus souple entre les liens professionnels et humains avec une évolution des relations humaines au sein des entreprises : le travail à distance crée une porosité entre vie privée et vie professionnelle et ré-insuffler du lien social et de l’humain dans les relations entre collaborateurs. Ex : Klésia, Loxam, . Il est permis de penser que l’abolition de la frontière artificielle entre les visées économiques du travail et la raison d’être sociale de l’entreprise sera durable.
*Tendances pouvant se prolonger après la crise sanitaire
-Poursuite de l’intégration de la RSE au travail habituel de l’entreprise : une forte attente citoyenne vis-à-vis des entreprises en termes de responsabilité sociale et RSE : mobilisation dans la lutte contre l’épidémie, actions menées vis-à-vis des salariés, clients et fournisseurs. Ex : PwC, LVMH
–Renforcement de la relation d’écosystème entre parties prenantes : engagement de maintenir l’emploi, engagements solidaires, suspension du versement des dividendes…Ex : Poclain, L’Oréal , Michelin.
–Des modalités de management mieux adaptées au travail à distance : le télétravail reste un défi pour des raisons techniques et d’accompagnement humain. Le management doit s’adapter pour soutenir les équipes. Ex : Total, Terreal ,BNP, Mazars.
-Renforcement de la dimension collaborative du travail en entreprise : mise en place de dispositifs de communication renforcés pour anticiper les risques et assurer un flux optimal d’informations. Ex : ADP, Engie, Auchan , L’Oréal, American Express.
-Plans de continuité du travail repensés et mieux intégrés : pour tester les capacités de résilience et intégrer les leçons tirées de la crise dans ce qui redeviendra la vie plus normale de l’entreprise. EX : Mazars, Saint-Gobain.
-Relocalisations en vue pour des secteurs sensibles : repenser les fonctionnements, les chaînes de valeur et l’organisation du travail. Ex : Michelin, Roset, Pourdebon, Axyntis.
–Evolutions à prévoir en matière d’organisation/méthodes/digitalisation avec accélération de transitions déjà en cours et émergence d’approches nouvelles. Ex : BNP, American Express, Saint-Gobain, Auchan, PwC.
En conclusion, de nombreuses incertitudes à propos du travail après-crise : il n’est pas exclu de voir apparaître un retournement concernant la fascination pour les exigences des millennials. De nombreuses entreprises voulant attirer les nouvelles générations, ont cherché à adopter des modes de fonctionnement plus horizontaux, moins hiérarchiques, plus transparents ; en situation de stress, la culture traditionnelle du commandement vertical a repris le dessus, par nécessité autant que par réaction d’un management plus âgé. Point d’attention car il serait dommage de perdre les gains en capacité d’innovation et de communication de la dernière décennie.
Pour en savoir plus : https://www.institut-entreprise.fr/limpact-de-la-crise-du-covid-19-sur-le-travail-premiere-analyse