Archives quotidiennes : 13 mai 2020

ITV Laurent Berger, France Inter 13 05 2020: économie et emploi

Quelques points marquants de l’ITV de Laurent BERGER, secrétaire général de la CFDT, sur le thèmes de l’emploi et économie, France Inter 13 mai 2020 :

-Quelles remontées du terrain sur la reprise ? Une situation contrastée avec d’une part, des entreprises où le dialogue social fonctionne via des négociations, parfois concrétisées par des accords, sur les modalités de la reprise, notamment dans l’industrie et dans les services publics, et d’autres où la discussion ne fonctionne pas et où les mesures sont prises unilatéralement avec beaucoup de difficultés et moins de sécurité, notamment dans les secteurs des petits commerces et de la propreté.

-Quels impacts sur l’économie ? Beaucoup de craintes sur les conséquences sur le chômage et sur les faillites d’entreprise surtout dans les PME; il faut cependant souligner que 62 000 vies ont été épargnées grâce à des dispositifs privilégiant la vie sur le développement économique. Désormais la priorité est d’imaginer des solutions d’urgence mais aussi sur le long terme; cela doit passer par le débat et la négociation pour réorienter sur de nouvelles activités et pour accompagner les salariés vers d’autres métiers.

2 erreurs doivent être évitées: annoncer d’emblée des chiffres de suppression d’emploi et reprendre les solutions « d’avant« . La négociation d’accord est nécessaire pour développer de nouveaux services et de nouveaux emplois. A titre transitoire, le dispositif de prêt de main d’oeuvre d’une entreprise à une autre est à regarder pour favoriser l’activité ; cela suppose la consultation des représentants du personnel, le maintien des conditions d’emploi et une durée définie.

Point de vue sur certaines propositions avancées ? 

*proposition de 0% de charges pour les entreprises qui embauchent des jeunes: Pourquoi pas, si ce n’est pas un effet d’aubaine car les cotisations servent à assurer la protection sociale, cette source de financement ne devant pas être tarie : le « cousu main est nécessaire. »

*proposition de la moité du coût du chômage partiel traduite en allègement de charges?Dans la période actuelle, « il faut aussi dé-confiner les idées: moins de charges, plus de temps de travail »? Avant tout il faut faire confiance à la responsabilité des acteurs pour adapter les conditions de la production et les conditions de travail associées.

*les propositions de l’Institut Montaigne sur le temps de travail  sont-elles négociables ? Des accords d’adaptation des conditions de travail et d’emploi sont possibles mais pas avec des dispositifs généraux. Les propositions qui visent à revenir sur la durée légale du travail et la suppression des congés ne sont pas négociables. Il faut construire autre chose à partir de la réalité de l’entreprise et inventer de nouveaux emplois correspondant aux besoins, notamment en lien avec la transition écologique (rénovation des logements) et avec un investissement public en matière de formation.

*proposition de rétablir l’ISF ? Une contribution accrue des plus hauts revenus est nécessaire dans le cadre d’un impôt progressif du capital avec un nouveau barème au delà d’un certain niveau. La crise a fait renforcer un besoin de solidarité et une fiscalité plus juste.

-Quelle vision du télétravail ? Le télétravail pratiqué pendant la crise sanitaire a été le plus souvent contraint, massif et désorganisé; cette forme de travail répond cependant à une forte aspiration des salariés. Aussi, la formule doit être retenue pour articuler le fonctionnement individuel et le besoin de collectifs de travail; les modalités de mise en oeuvre doivent être issues d’une négociation portant notamment sur les conditions de travail, le droit à la déconnexion, l’autonomie, le management… Il faut être attentif à ce que le télétravail ne crée pas de la fracture sociale.

Pour en savoir plus :

http://ranceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-13-mai-2020

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Gouvernance et pratiques managériales après la crise: la vie avec l’incertitude de la vie… Patrick Storhaye, Rhinfo

La vie après ou la vie avec… l’incertitude de la vie ? Extraits de l’article publié sur Rhinfo par Patrick Storhaye

« 3 enseignements sur la manière de gouverner nos entreprises et sur les pratiques managériales.

Le premier  est celui du risque de la totémisation de la technologie dont nous devons enfin accepter qu’elle ne nous affranchît d’aucune incertitude.  S’il y a un monde d’après la crise, ce sera un monde avec l’incertitude à laquelle il faudra non pas s’habituer mais qu’il faudra accepter ! Peut-être s’agit-il là simplement d’une forme d’humilité que certaines cultures savent avoir et qu’elles nomment sagesse, là où d’autres les regardent avec condescendance en se moquant de ce qu’elles considèrent comme du fatalisme.

Le deuxième réside dans le fait que la nécessité de cet « apprentissage de l’incertitude » impose des exigences auxquelles certaines entreprises ne sont pas habituées. Ces exigences risquent de se heurte, à une certaine conception autoritaire et verticale de l’exercice du pouvoir. Non pas qu’il faille là encore brandir l’espoir d’une coopération retrouvée, mais simplement parce que cela impose une émancipation beaucoup plus grande que celle qu’on acceptait, entre d’un côté celles et ceux qui décident et de l’autre celles et ceux qui appliquent avec peu de marges de manœuvre.  Il s’agit de réhabiliter l’empowerment, c’est-à-dire une véritable autonomie de terrain mise au service d’un bien commun.

Le troisième relève de l’éducation que cela exige. Cette émancipation d’action n’est efficace que lorsque chacun dispose des moyens de cette autonomie : un formidable enjeu d’éducation et non d’acquisition de connaissances. Il faudra enfin penser des apprentissages où l’on ne formate pas mais où l’on cherche à « rendre intelligents » c’est-à-dire où l’on donne des clés pour que chacun grandisse ! L’incertitude invite à généraliser un apprentissage qui aide à explorer la complexité, à tisser des liens logiques entre des silos de connaissances et d’expertises, où l’on arrive à voir plus loin que le bout de son métier, à développer une vision dont la sensibilité n’est pas exclue mais au contraire vécue comme un capteur source de richesse et donc d’intelligence supplémentaire, où l’on valorisera la diversité comme une multiplication de ces capteurs, où l’on favorisera enfin esprit critique, débat contradictoire, métissage des idées et tissage de liens comme un enrichissement…

Crise après crise, il y aura toujours du grain à moudre : face aux risques, la première des rigidités, est celle des mentalités : crise après crise, il faudra éduquer sans cesse, c’est-à-dire élever.

Puisse que cette période complexe offre aussi de rappel à la vie. Espoir que porte cette puissance d’engagement à son service chez certains et qui force gratitude et humilité. Réjouissance de voir que dans certaines entreprises la crise aura montré la cohérence des valeurs ! Il y a donc de nombreux signes d’espoir si nous voulons bien les voir et les mettre en avant. Lorsque qu’une crise révèle aux yeux de tous les aveuglements passés, elle éclaire aussi les chemins de l’avenir. À nous de les prendre car ce n’est pas la crise qui fera le monde de demain ! C’est nous. »

Pour en savoir plus : https://www.rhinfo.com/thematiques/strategie-rh/lien-social/la-vie-apres

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