Que faut-il retenir de « Premières leçons d’une crise », thème de la SQVT 2020 en termes de pratiques mises en œuvre en matière d’organisation, de prévention et de relations sociales, et les enjeux à venir.
*Le télétravail doit être régulé et structuré: Alors que le télétravail est appelé à se développer pour répondre à des usages réguliers, occasionnels et pour mieux faire face aux crises, il semble nécessaire de mieux l’organiser. Quelques questions doivent être travaillées collectivement :
-quelles activités sont télé-travaillables dans l’entreprise, à quelles conditions, combien de jours peuvent être télétravaillés ?
-quel équipement, quels lieux de travail, quelle formation, quelles pratiques de management pour éviter les pièges de l’hyper-connexion ou l’isolement…?
A faire dès maintenant :
-Organiser un retour d’expérience pour repérer ce qui a facilité les coopérations à distance malgré l’éloignement ou, à l’inverse, ce qui a empêché de faire du télétravail de qualité les mois passés.
-Etre particulièrement à l’écoute des personnes qui ont pratiqué le télétravail pour la première fois pendant le confinement ou des représentants des métiers qui disposent habituellement de moins d’autonomie pour organiser leur activité.
-Elaborer une charte interne ou la négocier un accord télétravail pour organiser les conditions d’un télétravail de qualité dans la durée.
*La prévention des risques de contamination au Covid-19, sujet prioritaire devant être pris en compte au plus près du terrain. Au quotidien, les managers sont souvent devenus des préventeurs, ce qui est utile à faire perdurer pour sortir des pratiques fréquentes de cloisonnement entre production et prévention. Les mesures de prévention du risque de contamination sont cependant parfois restées très descendantes, et la prévention du risque de contamination a pu occulter la prise en compte des risques liés aux évolutions des organisations de travail, notamment les RPS.
A faire dès maintenant ?
-Certaines entreprises ont désigné des référents Covid: une pratique utile s’il n’existe pas de service prévention et si la mission est d’animer et co-construire la politique de prévention du risque de contamination. A pratiquer avec prudence s’il s’agit seulement de diffuser des procédures de protection et de décharger les managers de leur contribution à la politique de prévention.
-Remettre à jour le Plan de continuité de l’activité et le Document unique pour intégrer la prévention du risque de contamination dans la prévention des risques et de santé au travail.
-Donner la possibilité à chacun de s’exprimer pour améliorer son travail et de disposer d’autonomie pour l’organiser, ce qui contribue durablement à la santé au travail. La mise en place d’espaces de discussion sur le travail permet aussi de faire remonter les points d’amélioration.
*Développer la capacité des CSE à aborder conjointement les enjeux économiques et sociaux pour inscrire cette pratique dans la durée. Un dialogue social de qualité a constitué un levier essentiel pour faire face aux bouleversements vécus et réguler les tensions liées à la reconfiguration de l’activité. De nouveaux modes d’échanges et de concertation ont été expérimentées; il s’agit de préserver ou relancer cette dynamique afin de dialoguer, se concerter et négocier sur des sujets touchant à l’articulation entre prévention et production , aux choix d’organisation, aux projets de l’entreprise…
A faire dès maintenant :
-Réaliser au sein du CSE un retour d’expérience sur ce qui a renforcé ou distendu les liens entre élus, salariés et direction, et ce qui a permis, ou pas, une bonne remontée d’information et des prises de décision adaptées.
-Maintenir les cellules de crise qui ont facilité les contacts rapprochés entre direction, manageurs, RH, et élus pendant le confinement.
–Préparer certains sujets de négociation (télétravail, articulation des temps…) en partageant les diagnostics et en faisant émerger des pistes de progrès prenant en compte les conditions de travail.
*Tensions, sentiment d’inéquité, fatigue, des sujets urgents à traiter qui impliquent un rapprochement entre manager, RH et préventeur et un partage des travaux avec les représentants du personnel et le CSE. Les constatations de terrain font apparaître des sentiment d’inefficacité et de fatigue accrus, des besoins de régulation de la charge de travail ou encore la perception de relations de travail dégradées. Ces situations sont à prendre en compte en parallèle des actions visant à reconnaître les efforts réalisés par chacun.
A faire dès maintenant :
–Encourager au niveau de l’équipe la pratique des retours d’expérience (outillage des managers, choix d’une méthodologie adaptée, remontée des points d’amélioration à la direction et aux élus, suites à apporter…) pour identifier des façons de mieux travailler.
–Mettre à disposition des managers les ressources qui les aident à la fois à prendre en compte les situations individuelles dans leur équipe et à maintenir la dynamique collective. Ils doivent être soutenus pour pouvoir prévenir le plus tôt possibles les tensions qui peuvent faire suite au confinement.
-Consolider les rapprochements intervenus managers, service RH et prévention pendant confinement en faisant le lien avec les travaux menés au sein des Instances représentatives du personnel.
Pour en savoir plus : https://www.anact.fr/quelles-premieres-lecons-de-la-crise