Archives de Catégorie: Entretiens

ITV Parlons rh : JC PATS, Directeur du personnel du Groupe Michelin

Directeur du Personnel du Groupe Michelin depuis 2019.,JC Pats connaît très bien le groupe l’ayant rejoint en 1988; il y a exercé diverses fonctions de direction et a passé 13 ans à l’étranger. D’où son engagement pour LES diversités, atouts clés de performance et de motivation des individus. Jean-Claude Pats a la conviction que Michelin –via sa Manufacture des Talents -, doit contribuer à ce que chacun puisse croire en lui, dans une double perspective d’upskilling et de reskilling.

Quelques points majeurs développés dans l’entretien :

* En quoi le fait de miser sur l’intelligence collective transforme-t-il le fonctionnement des équipes et les pratiques managériales ?

*Comment trouver le meilleur équilibre entre développement des savoir-faire et des savoir-être ?

*Y a-t-il plusieurs sens à la raison d’être du Groupe Michelin : Offrir à chacun une meilleure façon d’avancer ?

*Pourquoi est-il important de se doter de moyens pour identifier et sanctionner toute forme de management toxique au sein des organisations ; pourquoi Michelin communique-t-il sur la question ?

A retrouver tous ces sujet dans le podcast PASSION DRH !

et notamment : * Jean-Claude Pats explique pourquoi il occupe la fonction de Directeur du Personnel de Michelin – et non de DRH 

*Des agents ou équipiers [les collaborateurs de Michelin] se sentant « uniques et indispensables » : comment nourrit-on une telle expérience ?  

* Pourquoi les notions de sens et de soin résument-elles le rôle du manager, selon le Comex de Michelin ? comment cela se traduit-il concrètement ?

* Tout comme les diversités, « la » vérité se conjugue souvent au pluriel.

Le Directeur du Personnel de Michelin partage ce qu’il retire de ses expériences personnelles variées : moniteur de voile aux Glénans, stagiaire en vue de pratiquer une activité liée à des insectes butineurs…

Passionné de rencontres humaines dans son métier comme dans la vie, JC Pats témoigne de sa satisfaction de voir les 132 000 talents de son entreprise « grandir » et s’épanouir, quand on leur en donne les moyens. Il évoque tant sa conviction d’une innovation « n’ayant pas de limite » que son goût pour le monde de la nature, qui invite à rester humble et à se montrer patient.

Pour en savoir plus :https://www.parlonsrh.com/media/podcast-passion-drh-episode-7-jean-claude-pats-groupe-michelin/?cid=600adc5e007fb74e1576c39f&utm_campaign=newsletter&utm_source=plezi-newsletter&utm_medium=email

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Conférence Michelle PERROT : « le temps des féministes », Sciences Po février 2023

Michelle Perrot, Professeur émérite d’Histoire contemporaine à l’Université Paris Cité, a donné, le 20 février, une conférence autour de son dernier ouvrage, Le temps des féminismes (Grasset, 2023), écrit en collaboration avec Eduardo Castillo, conférencier, journaliste et écrivain.

Eduardo Castillo, un de ses anciens étudiants, a témoigné : “c’est elle qui m’a amené à envisager une carrière de journaliste.” et souligné l’importance de plonger dans la profondeur historique et de faire dialoguer différentes voix sur les mouvements féministes, précisant : “avec ce livre, nous avons fait le pari d’intéresser des personnes qui ne sont pas des féministes”. 

Selon la directrice du Conseil scientifique de Sciences Po “S’intéresser à l’Histoire des femmes, c’est comprendre la situation présente à partir de son évolution, éclairer l’Histoire des femmes et des hommes, analyser le féminisme comme un mouvement historique et comme un mouvement de pensée actuel”.

« C’est par l’enseignement que j’ai réalisé les difficultés des femmes.” indique Michelle Perrot en précisant que se destinant à l’Histoire sociale, elle a pris conscience de l’importance de l’Histoire des femmes. La publication du livre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir  a “joué un rôle très important pour [sa] génération”, mais dans lequel il est écrit que les femmes “n’ont pas de passé”. Dans ses travaux, Michelle Perrot a pris le contrepied de cette affirmation : « les femmes ont une Histoire, il fallait seulement la faire cette Histoire des femmes, s’approprier les savoirs ».

Pour discuter des féminismes, la professeure propose une définition : la lutte des femmes pour leur liberté et pour l’égalité des droits avec les hommes”. Elle est revenue sur l’Histoire des féminismes dans le monde occidental en distinguant plusieurs vagues féministes, jalonnées par des batailles menées par les femmes pour leurs droits : droit à l’instruction, droit au travail et au revenu, droits privés et politiques .et les droits du corps. “Nous vivons actuellement un temps fort du féminisme avec #MeToo, qui ajoute la lutte pour le droit à l’intimité »

Au-delà des rencontres avec les écrits de femmes du passé, la philosophe et poétesse de la fin du Moyen Âge Christine de Pizan ou la femme politique Olympe de Gouges, elle cite de nombreuses collègues : Geneviève Fraisse, philosophe, Arlette Farge, Florence Rochefort, Christine Bard, Sylvie Chaperon… Elle rappelle également l’importance des travaux de l’anthropologue et ethnologue Françoise Héritier, qui “donne des instruments pour penser” dans son livre Masculin-Féminin . 

Après la conférence, Michelle Perrot et Eduardo Castillo ont répondu aux questions de la salle : identités, domination masculine, religion, #MeToo, universalisme, réseaux sociaux, antiféminismes sur lesquelles les deux auteurs ont apporté un éclairage historique.

Pour en savoir plus :

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Grève préventive dans le secteur de l’Energie: position CFDT

A l’occasion d’un entretien diffusé sur France Inter de ce jour, Laurent BERGER, secrétaire de la CFDT, a exprimé son désaccord sur le principe de la grève préventive.

S’agissant de la situation actuelle dans le secteur de l’Energie, 3 problèmes doivent être relevés:

1- la grève préventive n’est pas la bonne voie ; il s’agit d‘établir un rapport de force pour obtenir des augmentations de salaire, les organisations syndicales disposant d’arguments pour l’obtenir;

2-les problèmes d’approvisionnement sont aussi liés à la pénurie de chauffeurs routiers, d’où la nécessité de traiter les conditions de travail et salariales de cette profession pour en renforcer l’attractivité;

3-la ristourne accordée par Total participe à la précipitation à la pompe avec des inégalités d’ approvisionnement pour certains.

La voie de sortie de cette situation passe nécessairement par le dialogue social pour rechercher par la négociation un compromis sur les augmentations salariales.

Pour en savoir plus :https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-08-octobre-2022-1062306

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ITV Jean Dominique Senard, Pdg Groupe RENAULT par Sociétal

*Que vous ont apporté vos expériences  de dirigeant, Péchiney, Michelin et Renault ? L’expérience de Péchiney a été  l’épreuve du feu. J’étais directeur financier d’une entreprise qui détenait la plus belle technologie mondiale dans le domaine de l’aluminium, et qui se retrouvait sous l’emprise d’une culture différente.  Cette période, très difficile à vivre, m’a aussi  confirmé que la dimension humaine de l’entreprise est absolument fondamentale.

*Chez Michelin, l’enjeu c’était la modernisation ? C’était  la transformation profonde et la modernisation de ce joyau qui n’était pas encore entrée dans le XXIème siècle. Il s’agissait, non pas de transformer ses valeurs, mais sa culture, pour en faire une entreprise où la responsabilisation était la règle. Cela a pris 10 ans. Le défi a été d’insuffler une culture d’autonomie – qui n’est pas l’autogestion – et de mettre en place un système où le dirigeant est là pour fixer un cadre et aider au développement des personnes.  Cela a été difficile à accepter, notamment pour l’encadrement, qui a vécu cette transformation nécessaire comme un abandon de son autorité. Jusqu’au jour où les managers ont compris la noblesse qui consiste, non pas à commander de façon autoritaire et hiérarchique les collaborateurs, mais à les accompagner et à les faire grandir.

*Chez Renault, vous avez à faire un actionnaire majoritaire, l’État ? Chez Renault, mon expérience est encore récente. Le défi  a d’abordété de ramener de la sérénité dans un groupe et une Alliance (Renault-Nissan Mitsubishi) secoués par une crise de gouvernance très médiatisée, tout en prenant des décisions indispensables de réduction des coûts, et en posant les bases d’une transformation profonde de la stratégie de l’entreprise.  Les difficultés économiques et la crise sanitaire ont nécessité un travail sur tous les fronts, dans le cadre d’un dialogue avec toutes les parties prenantes de l’entreprise, et notamment avec les partenaires sociaux et l’État. Je retiens de ces expériences  un fil rouge et  une ligne rouge. Le fil rouge est celui  de la transformation, face à des crises qui sont devenues le quotidien des grandes entreprises, confrontées.  La ligne rouge, est celle qu’il ne faut jamais franchir : celle qui fait de l’humain une variable d’ajustement. J’ai l’intime conviction que la performance peut être responsable, qu’elle peut rimer avec l’épanouissement humain et la défense du bien commun. 

*18 mois après le début de la crise planétaire de la Covid-19, comment le Groupe Renault sort-il de cette période inédite ? Debout et la tête haute, mais il faut encore le consolider. La crise sanitaire a été une terrible épreuve, arrivée au pire moment. L’Alliance retrouvait de la sérénité, le plan d’économie était enclenché, les bases d’une refondation étaient posées, quand la crise sanitaire s’est produite ; mais toute crise est un accélérateur et un révélateur. La mobilisation de l’ensemble des parties prenantes, à commencer par les salariés, a été exceptionnelle ; la crise a également donné lieu à des élans de solidarités de l’entreprise et des salariés à titre individuel. L’arrivée de Luca de Meo comme CEO a apporté une formidable dynamique, et le plan stratégique « Renaulution » a donné une feuille de route très claire. La Raison d’Être de l’entreprise, retenue lors de notre dernière Assemblée générale trace le futur à bâtir, en tant qu’acteur de la mobilité responsable.

*Vous avez dévoilé votre ambition de faire de Renault un exemple européen en matière de RSE. Comment l’expliquez-vous ? La démarche de Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) n’est pas à géométrie variable. On ne saurait imaginer une entreprise mettant en retrait ses ambitions RSE, sous prétexte d’une conjoncture économique difficile.

La RSE ne se distingue pas de la stratégie de l’entreprise, elle est en son coeur. Nous souhaitons faire de Renault Group un exemple en matière de RSE : notre stratégie repose sur des engagements chiffrés et jalonnés dans le temps, avec la plupart des objectifs fixés à 2025 ou 2030. Notre démarche repose sur trois piliers : réduction de notre empreinte carbone et un usage optimisé des ressources, au bénéfice de l’environnement et de notre performance économique ; sécurité de nos clients sur les routes et des collaborateurs sur le lieu de travail ; enfin, l’inclusion.

*La prise de conscience collective et mondiale de la préservation de notre planète remet-elle en cause l’industrie de l’automobile ? Et comment ? Bien au contraire, pour deux raisons : une part très importante de la population mondiale n’a pas accès à des réseaux de transports collectifs et dépend uniquement de la voiture pour se déplacer; la voiture est encore très peu répandue sur bien des territoires.

Comme nous l’exprimons dans notre Raison d’Être, la liberté de mouvement est une source d’épanouissement et de liberté. La voiture est un bien précieux pour l’humanité. Par ailleurs,  l’industrie automobile a engagé depuis de longues années une impressionnante transformation. Peu de secteurs  ont été capables d’améliorer leur performance écologique aussi rapidement que l’automobile. Le secteur automobile s’est engagé dans une transition très rapide vers le véhicule électrique, l’hybride et l’hydrogène. Face aux enjeux écologiques, l’automobile démontre chaque jour qu’elle fait partie des solutions.

*Vous avez renforcé votre position dans l’électrique. La crise a-t-elle permis d’accélérer la cadence dans ce domaine ? Il y a huit ans, le groupe lançait la première ZOE. Nous contribuons significativement à la réduction des émissions à l’usage, et nous sommes fiers d’être le leader européen du véhicule électrique. Le marché du véhicule électrique a littéralement explosé ces derniers mois : c’est une bonne nouvelle pour tous les constructeurs qui ont un avantage comparatif dans le domaine. Pour les années à venir, nos objectifs sont  très ambitieux : mise sur le marché 100% de nouveaux modèles  Renault en version électrique ou électrifiée dès 2025,  lancement de la nouvelle R5,  batterie affichant une réduction de son empreinte carbone de -20% , assemblée en France, avec une énergie propre. , Renault aura le mix le plus vert en Europe avec 65% de ses ventes .lectrifi.es dès 2025, et 90% en 2030.

*L’effort de votre entreprise en termes de dé-carbonation concerne-t-il surtout vos produits ? Non. Au-delà de ces objectifs très ambitieux sur nos véhicules, notre approche est plus large avec une trajectoire de dé-carbonation en amont, réduisant l’empreinte carbone de nos usines et de nos fournisseurs, et en aval, en industrialisant la rénovation, le démantèlement et le recyclage des véhicules et de leurs batteries, en fin de vie.. Nous accélérons également dans les nouveaux services de mobilité, d’énergie et de données à travers notre nouvelle marque Mobilize.. Nous sommes heureux d’être le premier constructeur automobile à avoir obtenu la validation du Science Based Targets initiative (SBTi) pour sa trajectoire climat dès 2019.

*Quels changements la crise pourrait-elle induire dans la compétition mondiale entre constructeurs automobiles ? La crise sanitaire a révélé la fragilité et les dysfonctionnements de l’organisation industrielle mondiale. Certains dogmes bien ancrés dans le monde automobile pourraient être remis en question : logistiques complexes et carbonées, pilotage par le seul levier des coûts, modèle low-costL’industrie automobile à venir pourrait rebattre les cartes sur des sujets : relocalisation d’activités stratégiques,  besoin de gagner en agilité, tout en accentuant des tendances déjà largement engagées : décarbonation, customisation des produits et des services, développement de l’usage plutôt que la propriété,  constitution d’écosystèmes agiles,  renforcement de tendances liées au digital, support de l’intelligence artificielle. Renault est un bon exemple de la volonté d’abandonner certaines idées reçues de l’automobile : obsession des volumes et économies d’échelle, à laquelle il faut préférer la recherche de valeur : ré-usage et de prolongement de la vie des véhicules ; développement des services de mobilité pour accompagner l’essor de l’usage …

*La crise a-t-elle changé le comportement des consommateurs : y-a-t-il une nouvelle promesse de l’utilisation de la voiture ? La crise, qui a imposé la limitation, voire la fin des déplacements pendant les périodes de confinement, a provoqué une forte envie de renouer avec la liberté de se déplacer, un vrai désir de voyages et de rencontres. Renault  a créé Mobilize, marque spécialisée dans l’offre de services automobile :(auto-partage, location courte mobilité, covoiturage…

*Que signifie « innover » pour un groupe automobile ? L’innovation n’est pas seulement une caractéristique parmi d’autres, mais bien une dimension « consubstantielle ;  l’innovation est au fronton de notre Raison d’Être : « Nous faisons battre le coeur de l’innovation pour que la mobilité nous rapproche les uns des autres ». Cette phrase exprime le rôle central joué par l’innovation, la créativité, l’inventivité, ainsi que la dimension humaine et même émotionnelle de l’entreprise : la technologie et l’innovation sont toujours au service de l’humain, et jamais le contraire. Toute l’histoire du Groupe témoigne d’une approche très large de l’innovation. Elle est technique  (de la prise directe au véhicule électrique en passant par le turbo), conceptuelle (monospace, ludospace), sociale, ou liée au modèle d’affaire (Dacia), au modèle de transformation (la Refactory à Flins) ou à la gouvernance (l’Alliance).

*Pourquoi Renault ne veut plus être « une entreprise automobile qui intègre des technologies » mais « une entreprise tech qui fabrique des automobiles » ? Ce changement prend acte d’une transformation en profondeur de la chaîne de valeur de la mobilité. Globalement, les revenus générés par la mobilité vont croître très fortement dans les années à venir. Mais dans le même temps, la répartition de ces revenus devrait très fortement évoluer. La batterie sera bientôt le composant le plus coûteux de la voiture, le logiciel, le nouveau moteur, la data, la nouvelle pépite, et le composant électronique, la nouvelle pièce stratégique. Pour anticiper ce mouvement, nous avons décidé de devenir une entreprise de tech, de data, d’énergie et de services.

*Puisque l’heure est aux éco-systèmes collaboratifs, comment votre Groupe travaille-t-il avec les acteurs de la tech ? Renault été à l’initiative de la création de la Software République, un écosystème d’open-innovation créé avec quatre leaders du monde de la technologie – Atos, Dassault Systèmes, STMicroelectronics et Thalès, qui a pour objectif – en mettant en avant l’expertise des  partenaires dans la mobilité, l’intelligence artificielle, les big data ou la cybersécurité -, de créer des systèmes de mobilité intelligentes et des écosystèmes d’énergie permettant de simplifier l’accès à la charge électrique.

*Quelle sera la voiture de demain ? La voiture de demain sera connectée, électrique, et de plus en plus autonome. Quand viendra le moment d’une autonomie totale, la voiture sans conducteur sera vraiment le prolongement de la maison et du bureau avec toutes les fonctionnalités et technologies permettant de se détendre, se reposer ou travailler. 

*La crise a-t-elle interrompu les tendances qui poussaient les entreprises à se redéfinir depuis la loi Pacte ? La crise a globalement renforcé le besoin de sens, qui pousse les acteurs à se re-définir. Elle a mis au premier plan les entreprises, qui ont montré leur capacité d’action et de responsabilité. La réflexion de fond sur la raison d’être des entreprises, qui était déjà largement engagée, a été confortée et accentuée par cette période inédite.

*Iriez-vous jusqu’à dire que les entreprises ont un rôle politique ? Dans un contexte où les cartes sont rebattues, l’entreprise semble avoir une nouvelle place à prendre. Les institutions traditionnelles : État, famille, Église, école, armée, partis politiques se sont considérablement affaiblies. Les grandes entreprises ont au contraire acquis une puissance issue de la globalisation et sont en pointe sur les grands défis collectifs : dérèglement climatique, santé, création d’emplois,  formation, promotion de la diversité.. L’entreprise a un rôle crucial à jouer, « politique », mais à condition d’être exemplaire sur les terrains de la responsabilité, de l’éthique et de la solidarité, avec un souci de l’ensemble des parties prenantes.

*Que signifie la réindustrialisation du pays prônée par certains responsables politiques ? La ré-industrialisation est une ardente obligation faisant quasiment l’unanimité chez les responsables politiques. La crise sanitaire a montré la fragilité d’un système dépendant de quelques fournisseurs concentrés en Asie. La  ré-industrialisation est entre nos mains : à titre d’exemple l’usine de Flins qui va devenir le pionnier et le leader des sites européens d’économie circulaire dédié à la mobilité. Dans le Nord de la France, Renault ElectriCity, pôle industriel de production de véhicules électriques regroupe les usines de Douai, Maubeuge, Ruitz,….

*Face aux pays-continents, l’Europe est-elle la bonne échelle ? Il y a un  très grand danger à être envahi par les normes américaines. L’échelle européenne est la plus pertinente pour mobiliser l’épargne des entreprises et des ménages pour le financement des entreprises…C’est au niveau européen qu’il convient d’instaurer une flat tax sur les actifs financiers et d’harmoniser le droit des faillites; ce qui doit pousser à identifier au niveau européen les critères Environnementaux, Sociaux et de bonne Gouvernance (ESG), socle commun de valeurs et conditionner les aides nationales/européennes au respect de ces exigences.

*Le statut de société européenne est-il une bonne formule ? L’harmonisation des entreprises européennes autour d’une Raison d’Être, voire d’un statut d’entreprise à mission, donnerait de la force et créerait un effet d’entraînement au bénéfice de l’économie du continent. L’Europe pourrait devenir le champion d’un capitalisme responsable, capable de  développement économique, développement social, développement des territoires, et développement durable.

*Les « patrons » doivent-ils davantage publiquement monter au créneau et s’exprimer de façon pédagogique ou en lanceur d’alerte pour éclairer l’opinion  sur l’après-Covid-19 ? Parce que l’entreprise n’a jamais été aussi attendue pour apporter des réponses positives et réalistes aux défis de notre monde, le dirigeant d’entreprise a une voix indispensable à faire entendre. Les entreprises ont mis en place des comités des parties prenantes; chez Renault  nous mettons en place un Comité de la Raison d’Être pour  permettre  aux dirigeants d’entendre des points de vue issus de tous les horizons, ce qui rend encore plus large la vision du dirigeant d’entreprise. Le dirigeant d’entreprise doit faire entendre sa voix, pour affronter les défis passionnants de notre monde en profonde transformation.

Pour en savoir plus : https://www.societal.fr/jean-dominique-senard-la-technologie-et-linnovation-doivent-toujours-etre-au-service-de-lhumain

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MAIF,  Ière entreprise à mission en France en 2020 : Itv de Pascal Demurger, Directeur général du Groupe.

* Une possibilité offerte par la loi Pacte d’avril 2019, le statut de mutuelle n’est plus adapté à l’économie de marché ? Ce changement est au contraire la conséquence logique des transformations engagées depuis plusieurs années : la Maif pratique un management par le sens, la confiance et l’envie en investissant  en considération des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et entretient une relation de long terme avec ses sociétaires dont la fidélité est sans pareille.

*Quel est l’objectif ? Devenir une entreprise à mission permet de poursuivre notre transformation et de rendre public notre engagement en intégrant  dans les statuts la raison d’être de la MAIF et la placer au cœur de chacune de nos décisions et actions.  C’est inventer un nouveau modèle permettant de concilier l’exigence éthique et l’exigence économique.

*Les entreprises vont-elles prendre en charge des missions qui sont celles de l’Etat ? Les frontières entre le monde de l’entreprise, celui des Etats et du politique, s’estompent  car les problèmes ont changé de nature et trouvent souvent leur source dans l’activité économique. Les pouvoirs publics, enfermés dans leurs frontières et dans les contraintes budgétaires, sont devenus  impuissants.

*Comment définissez-vous le rôle politique de l’entreprise ? L’entreprise a un rôle politique car elle a un impact sur ce qui crée du lien social, sur l’environnement, sur les sujets de société : elle peut servir le bien commun.

*Les entreprises ont toujours eu un impact sur l’environnement et la société ?  Elles n’ont pas toujours eu conscience de la responsabilité associée à cet impact. Nombre d’entre elles  utilisent une partie de la richesse produite  pour compenser les conséquences négatives de  leurs actions, à travers une fondation ou du mécénat.  La question de l’impact doit être placée au cœur de l’activité de l’entreprise.

*Une loi était-elle nécessaire pour que les entreprises servent le bien commun ? La Loi Pacte est  un symptôme d’attentes de plus en plus fortes à l’égard de l’entreprise ; elle contribue à la prise de conscience collective.

*Servir le bien commun améliore-t-il les performances de l’entreprise ?  Mon expérience depuis 10 ans à la tête de la MAIF nourrit cette conviction. Il est possible de créer un cercle vertueux dans lequel plus d’engagement pour les parties prenantes –  salariés, clients et fournisseurs-, pour l’environnement et pour le monde crée plus de performances pour l’entreprise.

*Changer les comportements oblige-t-il à modifier les modes de rémunération ? Les choix en matière de rémunération façonnent les comportements: notre système valorise la réussite collective plutôt que la mise en avant de l’individu. L’éventail des salaire est raisonnable avec un rapport d’1 à 20.

*Une entreprise du CAC 40  peut-elle adopter ce nouveau modèle ?  Le statut de mutuelle est clairement un atout, mais ne constitue ni une condition nécessaire ni  suffisante à l’engagement de l’entreprise dans la société. Le modèle défendu est un choix conscient qui produit de la performance dans la durée et qui est transposable  à tous types d’entreprises.

*Est-ce la fin de l’entreprise actionnariale qui privilégie la profitabilité ? Un dirigeant  s’en tenant à une vision « friedmanienne » mettrait en danger la pérennité de son entreprise.

*Quel est le rôle du dirigeant ? Un dirigeant à deux missions essentielles : la  vision, lui permettant de projeter dans  l’avenir en formulant une stratégie pour y répondre et le leadership pour fédérer la communauté humaine autour d’un projet pour l’entreprise..

*Sur quels critères l’action d’un dirigeant doit-elle être jugée ? La plupart des systèmes d’évaluation de la performance surpondèrent les critères financiers et le court terme. La MAIF mesure la performance de l’entreprise à la lumière de 4 éléments à parts égales : épanouissement des salariés,  satisfaction des clients, impact positif sur notre environnement et performance économique.

*Diriger s’apprend-il ? Enarque ayant servi l’Etat, je ne connaissais pas le monde de l’assurance et n’avais pas une réelle expérience du monde de l’entreprise. Il m’a fallu du temps pour mesurer la force du collectif, apprendre à écouter, préférer la bienveillance à l’émulation, et piloter l’entreprise autant avec le cœur qu’avec de froids objectifs.

*L’intuition peut-elle jouer un rôle dans une prise de décision ?  Dans toute décision, surtout s’il y a une dimension humaine, il y a une part non réductible à la raison.

*Et l’éthique ? L’équipe de direction a appris à construire un modèle dans lequel plus l’entreprise prend des décisions éthiques, plus elle est performante.

*Vos valeurs personnelles sont-elles en accord avec celles de la MAIF ? La transformation de l’entreprise à laquelle je  contribue est le reflet de ma propre transformation; j’ai la chance de pouvoir être la même personne en tant qu’homme et en tant que dirigeant d’entreprise.

*Que pensez-vous de l’engagement des jeunes pour sauver la planète ? Les mécanismes de transmission s’inversent : les jeunes sont la pointe la plus avancée de notre conscience collective et font  évoluer les comportements de leurs propres parents.

*Comment votre livre a-t-il été accueilli par les autres dirigeants ? Par les salariés ? Par les clients ?  Il a suscité un intérêt  qui montre que l’heure était venue pour un message de cette nature. Le chemin parcouru par la MAIF donne à son dirigeant légitimité et crédibilité pour s’exprimer sur ces sujets.

Pour en savoir plushttps://www.societal.fr/pascal-demurger-concilier-lethique-et-lexigence-economique

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Nouvelle approche du dialogue social selon le réseau d’entreprises dédié aux RH

Frédéric Guzy, directeur général du réseau d’entreprises dédié aux RH, prône une nouvelle approche du dialogue social.

*Quels ont été les leviers de la rénovation du dialogue social en France ?

A l’origine, le modèle de « flexisécurité » au coeur des ordonnances Macron, visait à assouplir les modalités de contractualisation : temps de travail, salaires, réduction des effectifs… et à fondre, dans une instance unique, les différentes instances représentatives du personnel.L’objectif étant d’avoir un dialogue social à la carte, davantage orienté sur les performances de l’entreprise et le partage des enjeux.

La loi Avenir de 2018 a réformé la formation professionnelle : réorientation des financements, accent mis sur les compétences et l’accompagnement des salariés des petites entreprises, rénovation du compte personnel de formation (CPF)…pour permettre de contrebalancer une potentielle insécurité en termes d’emploi, en permettant aux salariés de rebondir plus facilement.

*Quel bilan ? Le problème est que l’assurance chômage est un élément essentiel dans l’équilibre du système: or la dernière réforme en la matière suscite inquiétude, sentiment d’insécurité et peur du déclassement que la prochaine réforme des retraites risque d’accentuer.En dépit d’avancées intéressantes,  le modèle de flexisécurité est avant tout  perçu comme un modèle de flexibilité. 

La mise en place des CSE n’a pas totalement produit les effets escomptés: certaines entreprises ont cherché à optimiser les moyens des instances, et les syndicats, préoccupés par la baisse du nombre d’élus ont tenté de reproduire l’ancien système: il y a cependant un fort enjeu de renouvellement des effectifs lié à une pyramide des âges vieillissante.

*La nouvelle organisation du dialogue social est-elle adaptée à la situation ? Le modèle d’une grande entreprise où tout est régulé par les instances du personnel, avec des syndicats politisées et à fortes audiences s’est éteint et les syndicats ne représentent plus autant les travailleurs. Par ailleurs, le rapport au travail et à l’entreprise a changé: les salariés ont d’autres engagements et centres d’intérêt en se centrant sur des enjeux sociétaux. Le lien à l’entreprise devient également plus ponctuel: changement d’employeur et de statut, développement des plates-formes et multiplication des travailleurs indépendants…

*Quelles préconisations ?

*Le dialogue social ne doit plus être mené uniquement au niveau de l’entreprise, mais avec tous les acteurs à l’échelle du territoire pour rassembler des représentants des salariés – donneurs d’ordre et sous-traitants –, des collectifs d’auto-entrepreneurs, associations, instances politiques régionales… Si certains sujets doivent être négociés en interne, d’autres doivent l’être dans des collectifs plus larges: conditions de travail et organisation sur un même site avec des travailleurs de statuts différents. Emploi et compétences pourraient être abordés au niveau du bassin d’emploi.

*Le principal enjeu est de revaloriser l’intérêt de la régulation et du dialogue social: les syndicats devraient nouer des partenariats avec les autres collectifs de travailleurs et les DRH ne doivent pas mettre en concurrence ces différents collectifs qui sont complémentaires. Direction générale et management doivent être convaincus que le dialogue social débouche sur du concret et qu’il est utile d’avoir des interlocuteurs pour discuter de performance.

*Les DRH doivent travailler sur le maintien des compétences et de l’engagement de tous les travailleurs intervenants pour l’entreprise.

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ITV France Inter, 03 10 19, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

L’essentiel sur l’actualité sociale…

*A propos du projet de réforme des retraites

mobilisations annoncées : les retraités seront dans la rue avec les actifs la semaine prochaine, action en perspective le 5 décembre pour la RATP, rencontre avec d’autres organisations syndicales, FO notamment, pour travailler sur des mobilisations et des grèves interprofessionnelles.

suite à la réception des organisations syndicales par le président de la République : pas d l’illusion de pouvoir le convaincre, mais sur un certain nombre de points, les réponses se font attendre ; par exemple  sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et  l’idée que la réforme  allait modifier et réparer les écarts.

-sur les régimes spéciaux, les avantages acquis doivent être maintenus ; si alignement il y a, il doit se faire par le haut …

-sur le fond et la prétendue nécessité de travailler plus longtemps en raison de l’allongement de la durée de vie : or si l’on vit plus longtemps, c’est parce qu’on travaille moins longtemps du fait de l’abaissement de l’âge de la retraite, l’important étant d’avoir une espérance de vie en bonne santé.

-sur le mode de financement, il faut le rechercher en remettant les personnes au travail, ce qui produit des cotisations et revoir la politique d’exonération de cotisations  dont bénéficient les entreprises, ce qui permettrait une meilleure répartition des richesses…

-sur le système par points qui serait plus adapté aux nouvelles formes de travail, il remet en cause le principe fondamental de solidarité ; l’exemple pris sur le modèle de la Suède n’est pas adapté car ce pays connait avec ce type de régime une proportion importante de personnes vivant sous  le seuil de pauvreté…

*A propos d’une nouvelle méthode de concertation du chef d’état pour l’acte II du quinquennat…

pas de changement identifié  et de différence par rapport à la dernière rencontre : toujours des  petites phrases très décalées par rapport au vécu et la réalité des citoyens.

son monde n’est pas celui dans lequel vit une grande majorité des citoyens ; le président essaie de se rendre plus proche des gens, d’où les débats… : pour celui consacré aux retraites le 3 octobre à Rodez , il réunira des personnes posant des questions  avec des réponses du « professeur » mais sans contradiction, donc pas de vrai débat….

*A propos du développement du mal être et de la démotivation des salariés

de très nombreuses situations identifiées posent des questions essentielles de sécurité et santé au travail  auxquelles doivent être apportées des solutions ; les problèmes se concentrent sur des organisations de travail trop rigides, des violences tenant à des consignes de travail dépourvues de sens et à une absence de concertation sur le contenu du travail.

-l’éloignement des représentants du personnel vis-à-vis des salariés et la suppression du CHSCT résultant des ordonnances de 2017 rendent plus difficile les actions de proximité susceptibles de répondre aux préoccupations des salariés.

Pour en savoir plus : https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-03-octobre-2019

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Itv Philippe Martinez : France inter 28 01 2019

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT:  4 questions d’actualité

*Comment analysez-vous le mouvement des Gilets jaunes, à quoi sert-il ?

PM : Le mouvement des Gilets jaunes porte aujourd’hui 3 messages essentiels = *Smic, Salaires, minima sociaux; *Justice fiscale; *Services publics, avec la volonté d’expression du peuple, au moins dans sa partie visible.  Le gouvernement a fait trop de « cadeaux aux riches » et trop de dénigrement des plus fragiles. Concrètement beaucoup de ces questions sociales sont également portées par la CGT.

*Comment expliquez-vous le changement de position de la CGT au regard de sa position initiale

PM: A l’origine, le mouvement  des Gilets jaunes ciblait son action sur l’augmentation des carburants et la limitation de vitesse à 80 km/heure. L’évolution de leurs slogans vers salaires, fiscalité et accès au services publics a rapproché ce mouvement des revendications sociales au coeur de l’action de la CGT; il est donc cohérent qu’il y ait rapprochement sur les sujets de fond. En revanche, il n’est pas question pour la CGT de s’associer à des manifestations  sur la base de messages racistes, xénophobes ou sexistes…

*Pourquoi l’appel à la grève le 5 février et quelle concertation avec les autres organisations syndicales ?

PM : Face aux inégalités, et à l’expression populaire, il faut agir au niveau de l’entreprise et mettre à plat les revendications ; agir uniquement le samedi ne suffit pas pour créer un mouvement social d’ampleur. L’entreprise est avant tout le lieu où se crée la richesse, ce qui entraîne  des conséquences sur la protection sociale tant au niveau de la prévoyance que de la retraite.

Une réflexion commune a été initiée entre FO, CFDT et la CGT en vue d’une journée d’action; la CFDT s’est depuis retirée de ce mouvement sans que cette position ait été expliquée.

*Que pensez-vous de la proposition de la CFDT d’engager « Un Grenelle du pouvoir de vivre » ?

PM: il s’agit d’une thématique trop large. Aujourd’hui, il est utile de traiter des sujets précis pour répondre à l’urgence sociale: salaires, fiscalité, services publics. La question environnementale qui est importante sera à traiter mais il n’est pas possible de faire tout en même temps. Il y a lieu de se concentrer d’abord sur le quotidien.

Pour en savoir plus :https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-28-janvier-2019

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« Une autre voie est possible  » : un livre et un entretien avec les auteurs

 

Une autre voie est possible

Un ouvrage, publié en septembre 2018 aux éditions Flammarion, co-écrit par un économiste – Eric HEYER- un professeur de droit- Pascal LOKIEC- et une sociologue -Dominique MEDA.

Le propos part d’une image selon laquelle la France serait le seul pays d’Europe à avoir un taux de chômage élevé, une croissance faible et une dette considérable avec un Code du travail supposé lourd et rigide, un modèle social très coûteux, et à ne pas parvenir à mener les réformes permettant de s’adapter à la mondialisation et à la révolution technologique.

Cette vision est considérée totalement fausse par les auteurs qui estiment que

*dans lincapacité à gérer correctement les dysfonctionnements du capitalisme, les pays européens ont imposé des mesures d’austérité aggravant les inégalités et accroissant la vulnérabilité de tous les systèmes.

*la nouvelle gouvernance, malgré l’annonce d’un monde nouveau, poursuit en réalité les mêmes politiques qui sont aujourd’hui poursuivies.

*une rupture avec cette approche est nécessaire car un autre projet tout à fait possible doit être mis en oeuvre de manière urgente.

Pour dessiner cette autre voie, le livre conjugue trois approches : économie, droit, sociologie.

Interrogés par France-inter le 22 septembre à l’occasion de la sortie du livre :

 PASCAL LOKIEC a souligné que la solution ne passe pas les voies retenues car le modèle social n’est pas coupable

*ni par la ré-écriture des règles du code du travail car en réalité les transformations engagées ne sont pas celles d’un nouveau monde mais seulement le prolongement des politiques des 20 dernières années ; pour exemple, la promotion de la négociation d’entreprise au dépend de la négociation de branche et le barème des indemnités en cas de licenciement abusif…

*ni par des dispositifs de contrôle renforcé et la réduction des droits des chômeurs reposant sur l’idée que les chômeurs ne veulent pas travailler ; s’il est exact que des offres d’emploi ne sont pas pourvues, la pénurie d’emplois ne peut se résumer à une seule comptabilité dans la mesure où les offres ne sont pas forcément compatibles avec les profils et les aspirations des demandeurs d’emploi.

ERIC HEYER a rappelé que si l’exemple du niveau de chômage de l’Allemagne est souvent mis en avant, il est nécessaire de regarder la nature et la qualité des emplois que les politiques mises en oeuvre ont créés ; cette analyse ne peut reposer sur le seul critère de la compétitivité économique et la prise en compte d’éléments plus équilibrés s’impose.

Par ailleurs, la priorité donnée à la réduction budgétaire n’est pas efficace, d’autant que les cotisations et les prestations du régime de chômage sont devenues équilibrées et que l’assurance chômage n’est pas si généreuse et que les partenaires sociaux ont plutôt bien géré le dispositif. Si dette il y a, c’est pour partie parce que l’Assurance chômage finance les politiques de l’emploi qui devraient prises prise en charge par l’impôt ; il n’y a pas en effet une répartition adéquate entre ce qui relève de prestations universelles et donc de la solidarité nationale via l’impôt et ce qui relève de prestations assurantielles et donc de l’assurance chômage.

A retenir en conclusion d’interview, quelques pistes pour avancer sur une autre voie :

Selon Eric Heyer, la priorité est de clarifier la question de la dette publique : s’interroger sur la signification réelle de sa réduction et de l’objectif de 60% ; comprendre que s’endetter pour assurer le fonctionnement d’aujourd’hui est mauvais alors que s’endetter pour l’avenir ouvre des perspectives, investir dans l’éducation et l’environnement, une voie incontournable pour assurer la réussite du redressement.

Selon Pascal Lokiec, 3 propositions : admettre que le modèle social n’est pas responsable de la situation ; proposer un plan d’investissement prenant réellement en compte l’écologie et le social ; s’engager dans une régulation fondée sur la promotion des valeurs, du bien-être commun et non celui des seules entreprises. En synthèse réconcilier l’humain, le social…

Pour en savoir plus :

https://www.franceinter.fr/emissions/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-22-septembre-2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ITV Laurent Berger, secrétaire général CFDT: France inter 03 03 18

ITV Laurent BERGER à propos des orientations actuelles de la CFDT

*Point de vue sur les concertations en cours sur les réformes à venir 

LB :Sur la forme, les concertations sur la formation professionnelle et l’assurance chômage se sont déroulées dans de bonnes conditions même si le temps était assez contraint. Il reste maintenant à voir ce que le gouvernement va retenir au final.

Sur un plan plus général, il faut se centrer sur le sens global de ces réformes: quelle politique à mener ? quel modèle social ? Le sentiment est que le gouvernement ne donne pas toujours la finalité qu’il entend donner.

Si le gouvernement est légitime pour décider , il faut relever de nombreuses situations de  conflits, tensions et tendances au repli, ce qui expose à des difficultés si les citoyens ne sont pas associés aux réformes.

*A propos de l’ Assurance-chômage

LB: La CFDT est satisfaite de l’annonce de la reprise par le gouvernement de l’essentiel des dispositions de l’accord récemment conclu entre les partenaires sociaux.

Les syndicats ont obtenu que les démissionnaires soient indemnisés sur les mêmes bases et durées que les autres chômeurs; le risque était qu’un régime moindre constitue ultérieurement une porte ouverte pour le dispositif général.

*A propos de la Formation professionnelle

LB: Un accord vient également d’aboutir pour de nouveaux droits en multipliant par 2 les droits du compte personnel de formation, ce qui est essentiel pour les salariés les moins qualifiés.

Il appartient au gouvernement de garantir concrètement ces droits en favorisant l’accompagnement gratuit des salariés dans leurs projets de développement professionnel. Il est très important de travailler sur les réels besoins de formation plus que de se concentrer sur les « tuyaux du système ». La collecte des fonds de la formation n’est pas le problème majeur; il est nécessaire de bâtir des politiques intelligentes de formation et de compétences  sur la base de 2 points : opérationalité et qualité

La formation professionnelle est un enjeu de compétitivité des entreprises qui ont un besoin important de compétences. La CFDT est favorable à la certification des organismes de formation et il est important d’associer les territoires en matière de financement.

*Point de vue sur le sentiment d’une certaine impuissance des syndicats 

LB: Les syndicats doivent être fortement mobilisés dans une période particulière où le gouvernement, certes légitime, n’a pas de réelle opposition politique et veut aller vite; dans ce contexte, la vigilance s’impose quant à la manière d’exercer le pouvoir.

La CFDT cherche à protéger les plus démunis (exclus, chômeurs…): le gouvernement doit prendre conscience de l‘utilité de tous les corps intermédiaires : syndicats, associations, ONG… La CFDT est sur la ligne d’un syndicat de transformation avec un regard sur l’avenir et la nécessité de saisir les opportunités de développement de l’activité économique en prenant en compte les attentes de ceux qui la créent.

*Point de vue sur le pluralisme syndical français

LB: Pour être efficace, le syndicalisme doit prendre en compte les évolutions économiques et sociales et assumer ses responsabilités. De ce point de vue, la CFDT est totalement indépendante et se positionne sur la ligne d’un syndicalisme de transformation sociale.

Il y a en France trop d’organisations syndicales avec des positionnements très différents, issus d’une histoire et d’une culture syndicale propre. Le point majeur est de savoir quelle est l’utilité concrète des syndicats pour les salariés ?

*A propos de la réforme de la SNCF

LB: Il faut sortir d’une situation binaire selon laquelle :

-tout serait la faute des cheminots et de leur statut

-il n’y aurait pas d’issue pour assurer la pérennité de la SNCF et l’avenir de ses salariés

3 points à traiter pour sortir de la situation actuelle :

-la SNCF a besoin d’investissement pour assurer son développement et la sécurité de son activité

-le statut des cheminots doit évoluer mais sans les culpabiliser

-l’Etat doit assumer la dette de l’entreprise publique

Pour en savoir plus :

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite

 

 

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