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Conférence DIALOGUES, « Enjeux économiques de la crise et de la reprise » 06 04 21

Philippe MARTIN, Economiste, France Stratégie et Membre du Conseil d’analyse économique, auprès du Ier ministre.

A noter en liminaire l’appui de la présentation sur la synthèse des travaux réalisés pour le Conseil d’analyse économique et pour le Conseil national de Production.

*Aspects macro-économiques : analyse des risques

1-Affaiblissement économique persistant et perte de productivité, ceci entrainant des retards dans la vaccination (coût = 3Md pour la France),  un retrait précoce du soutien aux entreprises et aux ménages si la crise persiste et un risque de limiter les objectifs à un rebond et non un rattrapage, c’est-à-dire revenir à la situation précédente sans surcroissance. Le plan de relance et d’aides aux entreprises de la France se situe  dans la moyenne des pays européens mais sans rapport à celui des USA.

2-Dette publique, un risque existant mais secondaire par rapport  au premier, l’enjeu  majeur étant de conserver le caractère temporaire de la crise et d’éviter de s’inscrire dans le temps.

3– L’épargne accumulée pendant la pandémie s’élève à (200 Mds en 2020) ; le risque est d’en faire une épargne de précaution, sans utilisation dans l’économie, sachant que l’épargne a augmenté pour les ménages aisés tandis qu’elle a diminué pour les ménages modestes. Face à cette inégalité de répartition, des efforts supplémentaires seraient à faire, notamment pour les jeunes ménages.

*Aspects micro-économiques : performance des mesures mises en oeuvre

La question est de savoir si les aides accordées aux entreprises qui permettent dans un premier temps de les sauver en faire pour autant des entreprises productives. A ce stade, il n’y a pas d’évidence empirique car les dettes des entreprises entraînent  deux risques ; celui de la faillite et celui d’un faible investissement et donc peu d’innovations.

D’où la nécessité de se préparer à une augmentation des faillites pour des entreprises performantes mais non solvables en raison d’une dette trop lourde et à la tentation de vouloir sauvegarder des entreprises peu performantes.

Le suivi de la dette est essentiel en recherchant à

renégocier la dette (PGE surtout) pour les entreprises qui sont viables via l’Etat et les banques avec une analyse au cas par cas, sans mesure de nature générale.

maîtriser le risque d’assistance permanente, notamment dans certains secteurs (tourisme…) connaissant un affaiblissement durable.

préparer la sortie de crise  autour de deux points importants : soutien aux secteurs durablement affaiblis via le chômage partiel et formation des salariés changeant de secteur d’activité ou développant leurs compétences dans le même secteur, sachant que la préparation à des transformations conséquentes est un enjeu majeur.

Questions/Réponses

*Quid du contexte européen ? On constate un déséquilibre entre les pays, certains résistant mieux que d’autres aux conséquences de la crise : Allemagne et Pays Bas, versus  Italie, Espagne… Le plan de relance européen, en raison de ce déséquilibre, a fait peser des risques forts de divergences, voire une dislocation de l’Union européenne. La réaction rapide de la Banque européenne a été positive ; cependant, l’inquiétude tient au fait que la mise en œuvre du plan de relance prend beaucoup de temps : si des décisions ont été prises à l’été 2020, les fonds n’ont pas encore été concrètement distribués.

*Quelles différences de stratégie entre les pays ? Si tous les pays ont utilisé le chômage partiel, le soutien aux entreprises sous différentes formes et les aides  aux ménages, des approches différentes selon les modalités : aides aux coûts fixes en Allemagne, aides forfaitaires en France, peut-être insuffisamment ciblées Il n’y a pas de grands déséquilibres mais plutôt un manque de coordination.

A souligner que le plan de relance européen pose quelques contraintes sur divers sujets, tels investissements « verts »et  développement du numérique et comporte des insuffisances sur la formation, l’enseignement et la recherche.

*En interne, quelles opérations de transfert préconiser  pour amoindrir les difficultés ? On pourrait reprendre des actions déjà réalisées, par exemple les allocations scolaires de 2020 qui ont un impact direct et rapide, le chèque RSA versé au printemps et à l’automne, les APL, les aides aux étudiants boursiers. Les « tuyaux » existent pour faire des transferts exceptionnels rapidement. L’important est de bien cibler les publics éligibles ; jeunes actifs, étudiants boursiers…

 *Quels risques au regard de la dette des entreprises ? Le premier risque est ne plus investir alors qu’il faut se développer et notamment dans le capital humain car l’investissement nécessaire ne vise pas seulement des équipements ; l’investissement humain est complémentaire pour obtenir  des gains de productivité possibles que si on agit sur les deux leviers, seule possibilité de survie à long terme.

*Quid des réformes structurelles qui doivent être poursuivies ? Le plan de relance comprend 1/3 d’environnement,  1/3 de compétitivité, 1/3 de solidarité; cet équilibre convient à l’exception de l’innovation et la recherche. Dans ce cadre, les priorités sont : le volet énergie, le volet numérique, la transformation de travail, via le télétravail : ces investissements sont complémentaires : physiques, humains et relationnels.

*Quid du la prochaine présidence de l’UE par la France ? C’est un grand défi pour la France au-delà de la campagne présidentielle en France. Les questions importantes portent sur les réformes budgétaires qui sont devenues obsolètes. Il faut également se poser la question de certaines mesures utilisées pendant la crise et qui pourraient devenir des instruments permanents. Il faut cependant être conscient qu’il est difficile aujourd’hui de définir ce qui sera utile demain, car toutes les cartes sont rebattues.

Pour en savoir plus : Visio Conférence Dialogues du 6 avril 2021

http://dialogues.asso.fr/rencontres?nid=1170

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