Archives de Tag: CFDT

Les enjeux pour Marylise LEON à la tête de la CFDT: analyse d’Hubert Landier

*La CFDT doit probablement son relatif succès à un certain nombre de points forts :

-une gouvernance est claire, ce qui lui aura évité des happenings qu’auront représentés les successions de Bernard Thibault puis celle de Philippe Martinez à la CGT. Elle apparaît comme moins divisée, voire moins « balkanisée », que celle-ci.

-une approche est plus ouverte à des problématiques nouvelles, aux revendications « qualitatives » et non plus centrées uniquement sur le salaire et l’emploi. Ainsi elle se sera, plus tôt que d’autres, intéressée aux conditions de travail.

-une implantation favorable dans les catégories intermédiaires (techniciens) rejetant souvent une politique revendicative exprimée en termes d’affrontement.


*La difficulté toutefois pour elle est que pour négocier, il faut être deux. La CFDT se trouve confrontée à une difficulté majeure, qui concerne tout syndicat soucieux de privilégier la négociation et le compromis.

Face à des interlocuteurs eux-mêmes désireux de progresser par voie de négociation et de compromis, tout va bien. La CFDT entre alors dans la voie de la « co-construction » et représente ainsi, pour l’entreprise ou pour les pouvoirs publics, un interlocuteur privilégié par rapport à celles des organisations dont l’action se fonde d’abord sur la recherche d’un rapport de force favorable.

Le problème se corse quand tel n’est pas le comportement de ses interlocuteurs et quand, pour eux, il n’est question de négocier que lorsque l’on ne peut pas faire autrement, la CFDT doit alors faire preuve de fermeté.

C’est ce qu’elle aura fait en participant activement à l’action menée par l’intersyndicale contre le projet de loi sur le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite. N’ayant pu se faire entendre auparavant par le gouvernement, l’ensemble des confédérations syndicales auront fait front commun contre ce qui leur semblait inacceptable, tant sur le fond que sur la méthode. Et jusqu’au bout leur action aura été soutenue, dans sa grande majorité, par l’opinion publique.

*Comment reprendre le dialogue compte tenu du caractère inflexible de la politique menée par le président de la République avec l l’alternative : soit refuser l’offre de « dialogue » proposée par le gouvernement; soit revenir à la posture traditionnelle consistant à s’engager, chacun pour soi, dans un processus de » négociation.

A la date du 09/05/2023, la CFDT, la CGT et la CFE-CGC ont accepté l’invitation de la première ministre, pour des rencontres bilatérales prévues les 16 et 17/05/2023. FO, après avoir consulté ses instances dans l’après-midi, a choisi de répondre favorablement à l’invitation et la CFTC doit se prononcer prochainement .

Laurent Berger, et demain Marylise Léon, devront jouer finement : comment réamorcer le jeu de la négociation sans que la CFDT apparaisse pour autant comme ayant brisé l’unanimité syndicale ?

Ne pas oublier par ailleurs que le Medef a manifesté son accord sur le report de l’âge de la retraite tout en « regrettant » la façon dont la loi a été adoptée. Il se montre défiant quant à la capacité du gouvernement à engager le dialogue et met en avant son propre calendrier social, doublant celui du gouvernement, et qui répond aux préoccupations des syndicats, notamment pour l’emploi des seniors. Le risque pour les pouvoirs publics est de se retrouver hors-jeu par rapport aux « partenaires sociaux ».

A retenir le contexte dans lequel débutera le mandat de la future secrétaire générale de la CFDT : conserver la posture conforme à son principe du « gagnant-gagnant » sans apparaître pour autant comme un syndicat de complaisance instrumentalisé par ses interlocuteurs au détriment de l’unité syndicale.

Pour en savoir plus : article Hubert LANDIER
https://outlook.live.com/mail/0/inbox/id/AQMkADAwATY0MDABLWQzZGItYTA4Ni0wMAItMDAKAEYAAAPgGEtmEyqPRLcVbzhGfVpeBwAqGkTBS%2BVYQ7aonggMCNgoAAACAQwAAAAqGkTBS%2BVYQ7aonggMCNgoAAYm1Y2BAAAA

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Grève préventive dans le secteur de l’Energie: position CFDT

A l’occasion d’un entretien diffusé sur France Inter de ce jour, Laurent BERGER, secrétaire de la CFDT, a exprimé son désaccord sur le principe de la grève préventive.

S’agissant de la situation actuelle dans le secteur de l’Energie, 3 problèmes doivent être relevés:

1- la grève préventive n’est pas la bonne voie ; il s’agit d‘établir un rapport de force pour obtenir des augmentations de salaire, les organisations syndicales disposant d’arguments pour l’obtenir;

2-les problèmes d’approvisionnement sont aussi liés à la pénurie de chauffeurs routiers, d’où la nécessité de traiter les conditions de travail et salariales de cette profession pour en renforcer l’attractivité;

3-la ristourne accordée par Total participe à la précipitation à la pompe avec des inégalités d’ approvisionnement pour certains.

La voie de sortie de cette situation passe nécessairement par le dialogue social pour rechercher par la négociation un compromis sur les augmentations salariales.

Pour en savoir plus :https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-08-octobre-2022-1062306

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Du changement à la tête des organisations syndicales…

Dans un temps rapproché, les 3 principaux syndicats français vont changer leur leader:

*Yves Verrier, vient de céder sa place le 3 juin 2022 à Frédéric Souillot lors du 25ème congrès de de FO. Frédéric Souillot était jusqu’alors au sein de la Confédération en charge des affaires juridiques et du personnel après un parcours dans la métallurgie. Il appartient au courant réformiste de l’organisation.

*Philippe Martinez a récemment annoncé son départ dans les prochains mois à l’occasion du prochain congrès de la CGT.

*Laurent Berger, renouvellera son mandat lors très prochain congrès de la CFDT, mais a d’ores et déjà annoncé qu’il n’assurerait pas ses fonction pour toute sa durée, comme cela avait été le cas lors de la succession de François Chérèque en novembre 2012.

A suivre les impacts de ces changements sur le dialogue social avec de nouveau x interlocuteurs.

Pour en savoir plus : Revue de presse du 3 juin 2022

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Travail à distance et relation managériale

Résultats de l’enquête #Montravailàdistance, Jenparle ! lancée par Res publica en partenariat avec la CFDTTerra Nova, Metis Europe, Liaisons sociales magazine et Management&RSE :

* 76 % des managers considèrent que le travail à distance a des effets positifs  sur la confiance qu’ils ont dans leurs collaborateurs.

* 66 % des collaborateurs pensent que le travail à distance a des effets positifs sur la confiance qu’ils ont dans leurs managers.

De nombreux témoignages montrent que les personnes qui n’y croyaient pas avant, sont bien obligées de constater que cela fonctionne.

Question posée aux managers si, du fait du travail à distance, ils avaient le sentiment qu’il est plus ou moins facile de déléguer des responsabilités à leurs collaborateurs, de contrôler ou de programmer le travail de leur équipe. Réponse claire : il est plus difficile de programmer (plus difficile 23%) et de contrôler le travail à distance (22%), mais il est plus facile de déléguer des responsabilités (51%)…

* 51 % des managers organisent plus souvent des temps d’échange en équipe avec leurs collaborateurs (19 % en organisent moins) : l’accroissement des temps d’échanges ne rend pas plus facile la programmation ni le contrôle du travail.

* 52 % des managers  déclarent que la mise en place du travail à distance les a conduits à revoir à la baisse leurs objectifs vis-à-vis de leurs collaborateurs.

*Selon les témoignages recueillis, les comportements vis-à-vis des équipes évoluent : ne pas s’énerver en cas de non-respect d’un délai, ne pas penser que la personne ne fait rien, faire attention aux mots employés (force des mots par rapport à l’oral, s’adapter aux rythmes et contraintes de chacun, utiliser différents canaux pour communiquer: mails, appels, SMS, Whatsapp, conf call …

*Les managers prennent le temps de prendre des nouvelles avec  le sentiment d’être plus en soutien et en animation d’équipe.

Ces éléments montrent que le travail à distance porte les prémices d’une transformation des relations hiérarchiques et peut-être plus généralement des relations de travail : un essai  à transformer.

3 conditions à réunir pour que le management passe durablement d’une logique de « command and control » à une logique de soutien, d’animation et d’intelligence collective :

1-preuve de bienveillance dans les relations de travail : attention aux autres et  compréhension des situations individuelles, éléments clés de la posture managériale.

2- reconnaissance de la contribution de chacun à l’œuvre collective dans le cadre du travail : 58 % des répondants souhaitent travailler davantage à distance et 35% demandent plus de  capacité à prendre des décisions et plus d’autonomie.

3- dialogue et pas seulement  dialogue social mais dialogue professionnel, c’est à dire dialogue collaboratif, dialogue informel pour inscrire dans la durée les transformations du management et faciliter de nouvelles relations de travail . Tout ceci dépendra pour une grande partie de la capacité des entreprises à tirer les meilleurs enseignements des expériences vécues dans la période de crise sanitaire.

Pour en savoir plus : https://www.metiseurope.eu/2020/05/04/travail-a-distance-transformer-lessai/

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ITV Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT: regards sur l’actualité sociale de la rentrée.

Mardi 25 août, matinale France Inter : quelques éléments d’analyse et de réflexion de Laurent BERGER sur la rentrée sociale…

*Dialogue social : un sujet toujours compliqué entre autoritarisme et dialogue : l’option de la CFDT est clairement pour la confiance et l’intelligence collective. Discuter n’est pas trahir dans un monde mouvant où le dialogue social doit être constamment recherché.

*La défense des droits des salariés : il est nécessaire aujourd’hui de se concentrer sur les droits attachés à la personne et non au statut de salarié : formation, pénibilité, congés, chômage…

*Fiscalité : il faut baisser les impôts indirects qui pèsent très lourds pour les populations à bas revenus ; l’impôt doit être progressif pour que chacun paie selon ses moyens.

*Salaires : Il faut avant tout produire de la richesse pour pouvoir la redistribuer de manière équitable.

*Aménagement du code du travail pour les petites entreprises : le rôle du code du travail est de réguler les relations entre employeur et salarié en raison du caractère déséquilibré du contrat de travail ; la négociation avec les organisations syndicales permet d’adapter les règles au contexte propre de l’entreprise. La récente loi Macron a introduit diverses dispositions applicables aux petites entreprises même si le dispositif est encore perfectible.

*Travail du dimanche : La CFDT ne fait pas partie du collectif contre le travail du dimanche. La récente loi a posé des principes et aujourd’hui la négociation doit prendre le relais pour la mise en œuvre dans le cadre d’accords collectifs. Par ailleurs le gouvernement doit réunir les partenaires sociaux pour revoir les décrets d’application pris en ce domaine. Par exemple le décret sur le tourisme international doit être révisé.

*Apprentissage : l’embauche d’apprentis n’est plus aujourd’hui une question de charges financières mais un problème de volonté des entreprises pour les accueillir. C’est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’une voie très intéressante pour l’emploi des jeunes.

*Temps de travail : l’approche de la CFDT vis-à-vis du temps de travail a toujours été double : travail pour tous, et temps pour soi. Le concept de temps de travail hebdomadaire est aujourd’hui dépassé et il est utile d’aller vers plus de souplesse. Lors de la prochaine conférence sociale, la CFDT défendra le compte social personnel pour développer des approches individuelles dans un cadre collectif défini au regard d’une durée légale du travail.

*Rôle de Pôle Emploi : le développement du numérique est aujourd’hui essentiel pour rapprocher l’offre et la demande d’emploi ; Pôle Emploi doit se concentrer sur l’aide à la recherche d’emploi, à l’accompagnement des chômeurs pour leur permettre d’accéder aux postes disponibles : la mobilisation des personnes en recherche d’emploi est devenue une mission primordiale.

*Contrôle des chômeurs : la voie de la contrainte et de l’exclusion est vouée à l’échec. L’accompagnement doit être privilégié. Le suivi des chômeurs doit avoir pour objet de soutenir, d’inciter à la reprise d’activité ; ce ne doit pas être une logique de sanction. La mise en confiance et la mobilisation des personnes concernées sont déterminantes.

*Migration et bas salaires: Ce n’est pas la migration qui tend à la baisse des salaires mais l’exploitation des salariés. IL ne faut pas rejeter la faute sur les migrants. Le problème de salariés détachés en Europe doit en revanche être ré-abordé. La CFDT sort en septembre un guide pour aider ses militants à traiter ce sujet.

*Représentativité : L’objectif de la CFDT est pour 2017 de devenir la première organisation syndicale de salariés, à l’occasion de la prochaine mesure nationale de la représentativité des syndicats. Ses militants travaillent dès maintenant en ce sens.

 

A suivre d’autres débats à l’occasion de la prochaine Conférence sociale des 19 et 20 octobre 2015.

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