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 « Retrouver confiance en l’économie » : F Villeroy de Galhau, Gouverneur Banque de France.

Intervention de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France à l’Institut de l’entreprise à l’occasion de son livre publié aux éditions Odile Jacob.

La crise Covid  a  occasionné un mouvement massif et subi de solidarité des jeunes vers les plus âgés : comment réinventer notre modèle ? Il faut s’inspirer de Michel Serres, qui décrivait dans Petite Poucette le fossé générationnel qu’a engendré internet.

Les défis de l’équité intergénérationnelle

En raison du vieillissement démographique, le poids des dépenses de retraites dans l’économie ne cesse de croître, le phénomène s’accélère ces dernières années, avec l’arrivée en retraite des générations de « baby-boomers ». Il y a risque d’une perte de croissance potentielle et de confiance dans l’avenir, liée à un manque de dynamisme collectif.

La jeunesse exprime des exigences renforcées face à un modèle économique et une mondialisation jugés comme socialement trop faibles et  elle porte un intérêt central pour l’environnement.  Celui-ci  se double d’un désintérêt pour la politique. La contestation se traduit par un taux d’abstention élevé et un rapport aux médias  différent privilégiant  les réseaux sociaux et les influenceurs. À la Banque de France, on prend au sérieux ces évolutions : le comité « perspective jeunes » participe aux décisions stratégiques engageant l’avenir. En externe, on déploie une mission d’éducation économique et financière, ciblée  sur les collégiens /lycéens, en partenariat avec l’Éducation nationale.

Il faut appréhender 3 grands manquements à l’équité intergénérationnelle :

*la  dette sanitaire : la perte d’expérience, d’éducation, de temps libre et de bien être chez les jeunes, liée aux restrictions sanitaires en 2020/2021, et pouvant engendrer une perte durable de capital humain, de créativité ou d’envie d’entreprendre.

*la dette financière : l’accumulation de dette publiqu- le poids en proportion du PIB a quasiment doublé en20 ans-, phénomène  a été amplifié par la crise Covid.

*la dette climatique et écologique liée à l’épuisement des ressources naturelles et au réchauffement climatique résultant des modes de vies contemporains, dont les conséquences seront subies par les prochaines générations.

Les jeunes ont une conception du travail différente qui implique davantage de réorientations professionnelles : ils se projettent moins longtemps  dans une entreprise ou une activité données. Il faut leur offrir les bonnes opportunités pour l’avenir.    

Repenser le modèle avec la jeunesse pour une de croissance plus durable et innovante, ce qui suppose 3 transformations :

*la transformation numérique pour laquelle les jeunes sont à l’avant-garde. Pour combler le fossé de l’innovation et aider les start-ups à se développer, il faut mobiliser nos ressources financière s : les entreprises européennes dépendent encore trop de la dette, et le financement par fonds propres est sous-développé.

*il faut mener la transformation écologique : en ce domaine, tout ne dépend pas de la finance : des politiques publiques adaptées  (taxe carbone) et des stratégies d’entreprise innovantes sont irremplaçables. La finance verte doit nécessairement contribuer : ce n’est pas une cause militante mais un impératif économique.

*il faut transformer le travail, notamment la formation des jeunes via une bataille des compétences  et  résoudre un paradoxe socialement inacceptable : plus de 260 000 emplois vacants en France alors  que le chômage reste trop élevé en raison d’une inadéquation entre formation et  besoins des entreprises. L’investissement dans la formation professionnelle et le développement de l’apprentissage sont clés : la réforme de la  loi Avenir Pro de 2018 doit s’appliquer pleinement.

À moyen terme, les investissements dans l’éducation doivent avoir pour objectifs prioritaires d’élever le capital humain, dès l’école primaire, et de réduire les inégalités des chances : le système éducatif  inégalitaire  est un frein à la mobilité sociale, génératrice de croissance et d’idées nouvelles.Il faut aussi tenir compte de la transformation du management et de la vision du travail chez les jeunes qui aspirent à un fonctionnement moins vertical et plus autonome.

Il faut enfin répondre à 3 attentes de justice sociale, d’éthique et de sauvegarde de l’environnement.

Une  responsabilité sociale et environnementale  authentique doit  amener à changer les choses, avec des effets mesurables via des critères de performances extra financières.

L’Europe, forte de ses valeurs sociales et environnementales incarnées dans son modèle social commun, peut et doit œuvrer à une refondation du multilatéralisme et de la coopération internationale, à commencer par la lutte contre l’évasion fiscale des grandes entreprises,  et par des  dimensions éthiques et écologique.

Pour en savoir plus :

https://www.societal.fr/francois-villeroy-de-galhau-retrouver-confiance-en-leconomiehttps://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/economie-et-finance/retrouver-confiance-en-l-economie_9782738153838.php#:~:text=Retrouver%20confiance%20en%20l’%C3%A9conomie%20Date%20de%20parution%20%3A%2017%20f%C3%A9vrier%202021&text=AddThis%20Sharing%20Buttons-,%C2%AB%20Dans%20cette%20p%C3%A9riode%20d’incertitudes%20lourdes%2C%20jamais%20notre%20besoin,retrouver%20confiance%20en%20l’%C3%A9conomie.

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Image et place de la fonction RH : regards croisés d’un DRH et d’un Psychologue du travail?

Echange entre Joseph Musseau, DRH, et Jérôme Musseau, psychologue du travail pour esquisser des pistes d’action.

*Que retenez-vous de vos échanges ?

 Drh: L’approche des problèmes. La prise en compte des situations, des ressentis, des souffrances n’était pas la préoccupation majeure des DRH, orientées sur l’animation de l’ensemble du management. Ce sont les psychologues et psychiatres qui ont levé le voile sur une forme de déni des problèmes de souffrance au travail et de recherche de bien-être. L’échange permet de mieux comprendre la réalité des entreprises avec une gestion brutale des effectifs, des différences salariales exagérées, des discriminations, du manque d’écoute… Il est donc essentiel de restaurer la fonction d’animation de la DRH.

Psychologue travail : L’étonnement porte sur la profondeur du discrédit de la fonction RH, du point de vue des managers et dirigeants : la DRH ne servirait à rien et serait instrumentalisée… La gestion des talents est un point sentsible avec l’idée sous-jacente que l’on s’intéresse plus à ceux qui réussissent et qui conduit une grande partie des salariés à se sentir mis de côté.

*Comment redonner du sens à la fonction dans son rôle d’intermédiation ?

 Drh: La DRH ne peut pas être une fonction isolée: les responsabilités sont à partager avec l’ensemble des services en charge de l’efficacité et du bien-être du personnel : la Fonction RH doit être le lieu du lien, entre la direction générale, les managers de proximité, les salariés et les organisations syndicales. Il s’agit aussi de la capacité à résister à l’intolérable, à devoir parfois dire non, sans être dans l’opposition avec les autres acteurs et sans écarter les objectifs de performance.

Psychologue travail:Une tendance consisterait à se passer de la fonction RH, distribuant son rôle à chaque manager avec le soutien de fonctions supports ou de chatbots ; cette hypothèse doit être prise au sérieux, pour sa capacité à nier des relations de pouvoir au travail.

*Vous défendez 3 idées fortes : confiance, justice sociale, gouvernance collaborative …

Drh: La confiance peut sembler une notion banale ; si on ne croit pas à la parole de l’autre, on ne peut pas bâtir ensemble. La confiance relationnelle ne se décrète pas : c’est une attitude, un « parler vrai » qui infusent progressivement. La recherche de la justice sociale dans l’entreprise est déjà une étape vers la confiance: il faut privilégier égalité des chances et égalités des places, pour agir concrètement contre les discriminations, favoriser les compétences mais aussi tenir compte de l’utilité sociale des emplois.

Psychologue travail  : L’instauration de la confiance se confronte au turn-overdes managers et des professionnels RH, alors qu’elle nécessite des preuves et du temps. Une autre limite est que les organisations mettent souvent en avant le positif en négligeant de parler des problèmes concrets….La justice et la gouvernance sont deux sujets étroitement liés : la prise en compte des aspirations démocratiques progresse dans l’entreprise mais sans parvenir à une véritable mue de la gouvernance: c’est un défi pour la fonction RH.

* Pour en savoir  plus : ouvrage de Joseph Musseau et Jérôme Musseau « Peut-on réanimer les RH ? Dialogue entre un DRH et un psychologue du travail ») Ed Vuibert, 2020

.https://www.focusrh.com/carriere-rh/emploi-et-remuneration-des-rh/la-fonction-rh-en-quete-d-un-nouveau-souffle-dialogue-entre-un-drh-et-un-psychologue-33660.

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Myriam El Khomeri : ITV France Inter 09 01 16

Quelques points de l’ITV de ce jour de  Myriam El Khomeri, « on n’arrête pas l’éco » , France Inter  9h 45:

1- quel lien entre chômage et radicalisation ?

la lutte contres les discriminations et l’échec scolaire constituent les priorités pour combattre la radicalisation; les politiques de la ville doivent aussi renforcer les actions pour éviter l’exclusion. Le plan d’égalité à la citoyenneté doit aussi y participer.

2- en 2016, verra-t-on l’inversion de la courbe du chômage ?

la situation est aujourd’hui différente des années précédentes: la reprise économique est amorcée même si elle est encore timide.  Les données démographiques font que l’équilibre n’est pas assuré entre le nombre de départs en retraite et les entrées sur le marché du travail. Les prévisions de croissance à 1,5% pour 2016 conduisent à amplifier la formation des demandeurs d’emploi les moins qualifiés car les créations d’emploi à intervenir ne bénéficieront pas dans l’immédiat à ces populations.  Le 18 janvier seront annoncés diverses mesures en ce sens.  Les perspectives économiques et les effets des actions engagées (CICE, Pacte de responsabilité..) permettent aux entreprises de retrouver de la confiance pour créer de l’emploi dans un nouvel écosystème.

3– le coût de la formation  (1 milliard d’euros) des chômeurs est-il réaliste et sera -t-il efficace ?

Dans l’attente des arbitrages budgétaires encore en cours, il faut relever que ce dispositif constitue non seulement une mesure de justice sociale mais un bienfait pour l’économie. Concrètement les formations à développer porteront sur les métiers de la transition énergétique, le numérique et les services à la personne. Il y a lieu également de traiter la question des emplois non pourvus et pour lesquels il faut soutenir l’action des PME et répondre aux besoins des territoires. Pour le financement , il faut convaincre les régions qui sont les principaux financeurs de la formation et de l’apprentissage et que tous les acteurs (état, territoires et partenaires sociaux) travaillent ensemble.  Les contacts entre Direccte et branches professionnelles doivent se renforcer pour assurer  la stratégie opérationnelle adaptée et la coordination des actions. Les solutions efficaces résulteront de l’identification des besoins des entreprises pour construire et dispenser les formations utiles. La mise en place des 4 000  conseillers entreprise par Pôle emploi constitue un relais essentiel.

4- quelle articulation entre les projets « loi sur le travail « et  « loi sur le numérique » ?

Ministre du travail et Ministère de l’économie poursuivent un objectif commun et portent ensemble des changements importants pour la société.  Les modalités techniques des projets ne sont pas encore arrêtées; elles s’inspireront des nombreux rapports déjà publiés  et intégreront les conclusions à venir de Pascal Terrasse dans le cadre de la mission sur l’économie collaborative .

Tout ceci doit contribuer au développement de l’activité sous toutes ses formes.

 

 

 

 

 

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