Lors d’une Conférence organisée par DIALOGUES le 7 décembre 2020 Gilles Gateau, Directeur de l’APEC a présenté son analyse du marché du travail des cadres en crise
Pour rappel, les 4 missions de l’APEC :
*Conseiller les entreprises pour optimiser leurs recrutements et la gestion des compétences internes
*Accompagner les cadres dans leurs évolutions professionnelles et leur recherche d’emploi et les jeunes diplômés dans l’accès au premier emploi.
*Apporter analyses et repères sur les grandes tendances en tant qu’observatoire du marché de l’emploi cadre : études disponibles sur le site apec.fr
*Collecter et diffuser les offres d’emploi cadres.
A ce titre, l’APEC, organisme paritaire et service d’intérêt général, financé par les cotisations des entreprises et des cadres, couvre un large spectre : Premier job board de l’emploi des cadres en France et opérateur national du Conseil en évolution professionnelle -CEP-.
En introduction, une idée reçue à dissiper : les cadres seraient épargnés par la crise car ils ont bénéficié du télétravail et ont été moins exposés lors du confinement, l’emploi cadre est dynamique, cette population connaît moins la précarité, les jeunes diplômés s’en sortiraient mieux.
4 approches d’analyse :
1-Impacts de la crise sur l’emploi cadre
Depuis 3 décennies, tendanciellement, l’emploi cadre est dynamique et on attendait pour 2020 une année recours avec 300 000 embauches prévues. Or, le Covid 19 représente une crise sans précédent dans le recrutement cadre : l’enquête de septembre 2020 actualise les prévisions de fin 2019 en retenant 170 000 embauches, soit 40% de baisse sur une année avec une forte brutalité de l’effondrement.
Cependant le marché n’est pas figé : des opportunités existent mais très loin des records attendus. Un paradoxe tient au fait que le chômage cadre augmente avec + 15% d’inscription depuis mars 2020 malgré des difficultés à recruter tenant à un manque de profils disponibles correspondant aux compétences attendues et à une diminution de cadres en activité prêts à être mobiles pour saisir d’autres opportunités.
Pour les jeunes diplômés, mise en place par l’Apec d’un dispositif spécifique « Objectif premier emploi» articulant 3 outils : Un module interactif permettant de s’entraîner aux questions d’un recruteur à l’aide d’un simulateur et d’identifier un métier à partir du diplôme, Des travaux de groupe en atelier pour maîtriser la recherche d’un premier emploi, Des suivis individuels avec un consultant.
2-Mobilité des cadres en activité
L’accompagnement via l’évolution professionnelle des cadres en activité se développe fortement depuis mai 2020 pour 3 raisons : la violence de la crise même pour des cadres non directement impactés, des questions posées sur le mode de vie (exode cadres parisiens, télétravail, qvt…), la montée en puissance du CEP, outil utilisé pour faire le point. Or dans les faits de nombreux projets sont abandonnés ou repoussés.
3-Evolution salariale
Les salaires des jeunes diplômés qui avaient connu une forte augmentation en 2019 (+6,5%) voient la situation retournée entrainant une adaptation à la baisse des prétentions salariales. Pour les cadres en activité, l’enquête en cours non finalisée, est attendu en 2021, mais on sait déjà que les négociations salariales (NAO) ne seront pas généreuses.
4-Evolution des compétences des cadres
Actuellement ¾ des cadres exercent une fonction de manager, le dernier quart occupant des fonctions d’expertise. Parmi les managers, 40% ont une responsabilité hiérarchique directe et 24% ont un rôle d’animation d’équipe sans responsabilité hiérarchique (organisation projet…).
70% des cadres se disent autonomes dans l’organisation de leur travail ; le télétravail a sur eux des impacts de deux sortes, pour eux-mêmes mais aussi en tant que managers, ce qui nécessite des compétences nouvelles avec des qualités mises en avant : capacité à faire travailler à distance, à faire vivre des collectifs, adaptation, résilience, rapport au travail, enjeu de cohésion sociale …
A propos de quelques échanges faisant suite à la présentation :
Les secteurs à grande valeur ajoutée : informatique, ingénierie, conseils aux entreprises connaissent un flux important. Parmi les métiers recherchés : commerciaux et cadres de santé.
La baisse la plus importante concerne les fonctions supports, notamment finances et Rh.
La dernière partie de carrière (55/62 ans) reste un facteur discriminant bien que pour certains métiers la séniorité et l’expérience sont valorisées, notamment pour la Rh
.Pour en savoir plus : http://dialogues.asso.fr/