Archives de Tag: Pénibilité

Réforme des retraites: synthèse du projet, Editions législatives

A retenir :

*Relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans et accélération du calendrier Touraine qui accroit la durée de cotisation
nécessaire pour toucher une pension complète,
tels sont les principaux apports de la réforme des retraites. La création d’un
index seniors, qui s’imposera aux entreprises, et d’un fonds visant à prévenir la pénibilité est aussi annoncée, de même que
l’abandon du transfert du recouvrement des cotisations Agirc-Arrco.
Pour rappel, actuellement un salarié du privé souhaitant partir à la retraite avec une pension complète doit avoir atteint
l’âge de départ légal requis (62 ans) et bénéficier d’une durée de cotisation suffisante, durée qui augmente régulièrement
depuis la réforme Touraine de 2014 et devait atteindre 43 ans d’ici 2035 pour la génération 1973. La réforme des
retraites, qui devrait entrer en vigueur dès le 1er septembre 2023, vient entre autres modifier ces paramètres. Elle prendra
la forme d’un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif qui sera présenté en conseil des ministres le 23
janvier, avant d’être examiné par l’Assemblée nationale et le Sénat à partir de début février.


Âge de départ, durée de cotisation et calendrier d’application
L’âge légal de départ est relevé de 62 à 64 ans, à raison de 3 mois de plus par année de naissance à compter du 1er
septembre 2023. Il atteindra donc réellement 64 ans en 2030 .
Quant à la durée de cotisation, elle reste fixée pour un taux plein à 43 annuités. Mais le calendrier Touraine est accéléré :
ces 43 annuités seront nécessaires dès 2027, soit 8 ans avant le calendrier prévu (ajout d’un trimestre par année et non
plus d’un tous les trois ans). Cela provoque une augmentation de la durée d’assurance dès les générations nées à partir
de septembre 1961..
En revanche, l’âge d’annulation de la décote demeure inchangé. Comme aujourd’hui, les personnes partant à la retraite à
67 ans bénéficieront automatiquement d’une retraite à taux plein, même si elles n’ont pas travaillé 43 ans.

Plusieurs catégories de personnes continueront de bénéficier des dispositifs de départ anticipé:
cas des travailleurs en situation de handicap qui pourront toujours partir dès 55 ans s’ils ont validé 132 trimestres; personnes invalides ou en inaptitude pourront continuer de partir à 62 ans à taux plein, et toute personne ayant eu un accident du travail ou une maladie professionnelle entraînant une incapacité d’au moins 10 % pourra partir 2 ans avant l’âge légal, si cette incapacité est liée à une exposition à des facteurs de pénibilité. La condition de durée d’exposition sera réduite de 17 ans à 5 ans pour justifier de ce lien. Enfin, les travailleurs exposés à l’amiante pourront toujours partir dès 50 ans.


*Revalorisation des petites pensions: Le minimum de pension augmentera de 100 € par mois pour les retraites liquidées à compter du 1er septembre 2023, la réforme portant à 85 % du Smic net, soit 1 200 € bruts, la pension minimale des personnes ayant fait une carrière complète au Smic. Cette mesure s’appliquera aux salariés, aux artisans-commerçants ainsi qu’aux agriculteurs, et concernera aussi les pensions minimales des personnes déjà à la retraite.
L’indexation sur le Smic sera inscrite dans la loi afin que le dispositif soit pérenne et, une fois liquidées, les pensions
concernées resteront indexées sur l’inflation.
Dans ce même objectif d’augmenter les petites pensions, notamment des les
périodes validées au titre de l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) seront comptabilisées dans le calcul du
minimum de pension majoré. Une validation de trimestres sera de même rendue possible pour tous les aidants familiaux
contraints de réduire ou d’interrompre leur activité pour s’occuper d’un proche et pour les personnes ayant effectué des
stages dits de « travaux d’utilité collective »


Modification du dispositif « carrières longues » : Les personnes qui remplissent les conditions actuelles des carrières longues continueront de partir 2 ans avant l’âge légal, donc à 62 ans lorsque cet âge légal sera à 64 ans. En complément, un nouveau dispositif « carrières très longues » permettra de partir 4 ans avant l’âge légal, c’est-à-dire à partir de 60 ans, à la condition d’avoir validé 5 trimestres avant 18 ans et d’avoir cotisé 44 ans.
Le dispositif applicable aux personnes ayant commencé à travailler avant 16 ans sera assoupli : maintien de la possibilité de continuer de partir à compter de 58 ans, sous réserve d’avoir cotisé la durée d’assurance requise majorée d’une année,
et non plus de deux années comme aujourd’hui.

*Nouveauté, notamment à la faveur des femmes : les périodes validées au titre de l’assurance vieillesse des parents
au foyer (AVPF) seront désormais prises en compte dans la durée travaillée pour partir au titre des carrières longues,
dans la limite de 4 trimestres.

*Prise en compte de la pénibilité et de l’usure professionnelle: Dans le volet « prévenir l’usure professionnelle », de nombreuses mesures ont été annoncées :

*un accès élargi au compte professionnel de prévention (C2P). Les seuils des principaux facteurs d’exposition aux risques
professionnels seront abaissés :travail de nuit (100 nuits par an au lieu de 120), travail de nuit en équipes successives alternantes (30 nuits par an au lieu de 50). Les points seront acquis plus rapidement pour les salariés exposés à plusieurs risques et sans limite de nombre (plafond de 100 points actuellement) ; un point au C2P ouvrira un droit de 500 € de financement de formation, contre 375 € aujourd’hui.

*la création d’un droit à la reconversion pour faciliter les changements de carrière des bénéficiaires du C2P. 60 points acquis sur le compte permettront ainsi de financer une formation longue et qualifiante de 30 000 €.

*un nouveau fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle, doté d’un milliard d’euros sur la durée du
quinquennat. Créé à destination de salariés exerçant les métiers les plus exposés aux facteurs de risques ergonomiques, il financera des actions de sensibilisation, de prévention et de reconversion. Ces salariés bénéficieront par ailleurs d’un suivi renforcé de la médecine du travail à compter de la visite médicale de mi-carrière qui intervient aux 45 ans, mais aussi de dispositifs d’adaptation du poste de travail et d’un accès renforcé à la reconversion professionnelle.

*une visite médicale de fin de carrière pour les salariés les plus exposés aux risques d’usure professionnelle, rendue
obligatoire à 61 ans pour permettre un départ anticipé à tous ceux qui ne sont pas en mesure de continuer à travailler et sont ainsi reconnus inaptes au travail.

*Mesures en faveur de l’emploi des seniors: il est annoncé que les transitions entre l’activité et la retraite seront favorisées en facilitant l’accès à la retraite progressive et en l’ouvrant à la fonction publique ainsi qu’à l’ensemble des travailleurs
indépendants. Notamment, la charge de la preuve sera inversée au bénéfice du salarié et une demande de passage à
temps partiel pour accéder à la retraite progressive sera autorisée sauf réponse contraire de l’employeur justifiant de
l’incompatibilité avec l’activité économique. Dans la même optique, le cumul emploi-retraites deviendra créateur de droits
et ses conditions d’exercice seront déplafonnées.
Un index senior sera créé, avec une obligation de publication pour les entreprises de plus de 1 000 salariés dès 2023, et
celles de plus de 300 salariés dès 2024. A défaut, elles se verront infliger des sanctions financières. L’emploi des seniors
deviendra aussi un objet obligatoire de la négociation sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP)
en s’appuyant sur les indicateurs de l’index.
Une négociation sera ouverte dès 2023 avec les partenaires sociaux pour mettre en place le compte épargne temps universel (CETU), avec pour but notamment de permettre à tous les actifs de mettre de côté leurs RTT ou jours de congés non pris dans l’année pour pouvoir choisir, plus tard, d’aménager leur temps de travail

*Fermeture des régimes spéciaux :La réforme acte la fermeture des régimes spéciaux de retraite de la RATP, de la branche des industries électriques et gazières (IEG), des clercs et employés de notaires, des personnels de la banque de France ainsi que des membres du Conseil économique social et environnemental (CESE). Néanmoins, seuls les nouveaux embauchés recrutés à compter du 1er septembre 2023 dans ces régimes, à l’image de ce qui avait été retenu pour la fermeture du régime spécial de la SNCF, seront affiliés au régime général.
Les régimes autonomes (professions libérales et avocats, marins, Opéra de Paris, Comédie Française) ne seront pas
concernés par cette fermeture.
Le décalage progressif de deux ans de l’âge légal et l’accélération du passage à 43 annuités pour un départ à taux plein
s’appliqueront aux salariés actuels en tenant compte de leurs spécificités. En conséquence, les dispositions à cette fin
seront prises par décret au premier semestre 2023 après consultation des régimes concernés, pour une entrée en
vigueur des nouvelles règles relatives à l’âge de départ en 2025.

Pour en savoir plus : http://Dossier de presse de la présentation de la réforme des retraites

https://vp.elnet.fr/aboveille/logon.do?zone=AJACTU&theme=02AL&attId=275477&forward=viewarticle&origin=NL

Poster un commentaire

Classé dans Brèves

Etude DARES, Disparités et cumul des pénibilités au travail et Inégalités de santé, août 2022

Résumé du rapport final.

Ce projet a pour ambition d’analyser les disparités et le cumul des pénibilités au travail et leurs
impacts sur les inégalités de santé à partir des enquêtes Conditions de travail et risques
Psychosociaux (CT-RPS 2005, 2013, 2016) et Surveillance médicale des expositions des salariés
aux risques professionnels (Sumer 2003, 2010, 2016-2017). Grâce à l’exploitation parallèle de ces
deux enquêtes, nous construisons une cartographie des populations exposées aux facteurs de
pénibilité et explorons de façon approfondie les inégalités en termes d’exposition aux risques
professionnels et leur évolution au cours du temps . Nous analysons également les inégalités
sociales de santé qui en découlent et interrogeons le lien entre expositions et multi-expositions aux
risques professionnels, état de santé dégradé et recours aux arrêts maladie.

A partir de l’enquête SUMER, les auteurs estiment que 13,5 millions de personnes en France
métropolitaine, soit 61% des salariés, étaient exposés à un ou plusieurs facteurs considérés de
pénibilité1 sur leur lieu de travail en 2017. 10,7 millions étaient concernés par des contraintes
physiques marquées, 4,1 millions par un environnement agressif et 4,8 millions par des rythmes de
travail atypiques.

Il existe des emplois et des profils de salariés qui ont tendance à cumuler les différents facteurs de pénibilité. Il s’agit notamment des ouvriers, des travailleurs de nuit et des travailleurs en équipes alternantes ainsi que les travailleurs les plus jeunes. En revanche, les salariés des grandes entreprises (500 salariés ou plus) semblent en général plus épargnés.

La proportion de salariés exposés à au moins un facteur de pénibilité considéré a diminué entre 2010
et 2017, pour revenir à celle qui prévalait en 2003. Ce sont surtout les expositions aux bruits nocifs,
aux nuisances thermiques, aux agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction
(CMR) et à la manutention répétée de charges qui ont diminué au cours de la période.
Les inégalités sont issues de processus cumulatifs : la surexposition aux facteurs de pénibilité
s’ajoute en général à d’autres risques majeurs pour la santé. Par exemple, les catégories.

Sont retenus pour cette recherche les facteurs de pénibilité identifiés dans les enquêtes Sumer et Conditions de Travail: manutention de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux (y compris les poussières et les fumées), températures extrêmes, bruit, travail de nuit, travail en équipes successives alternantes et travail répétitif. Les risques biologiques, les risques routiers ou les risques psychosociaux sont exclus de l’analyse.
Catégories socioprofessionnelles les plus exposées aux risques professionnels, à savoir les ouvriers qualifiés et non-qualifiés, sont aussi celles les plus exposées à d’autres facteurs de risque tels que la
consommation de tabac, d’alcool, ou une mauvaise alimentation.

Parmi les facteurs nourrissant les inégalités sociales de santé, les conditions de travail et la
pénibilité associée sont prépondérantes. Il existe une association forte entre expositions aux
contraintes physiques marquées et risques d’état de santé altéré, de recours aux arrêts maladie et
de survenue d’accident du travail (plutôt bénins), mais aussi entre expositions à un environnement
physique agressif et risques d’état de santé altéré et accidents du travail.

Les auteurs rappellent que les données analysées ne permettent pas de mesurer les effets à long terme des conditions de travail sur la santé dans un domaine où les symptômes consécutifs à une exposition prolongée de certains risques peuvent pourtant mettre du temps à se manifester. Concernant les rythmes de travail atypiques, une vigilance particulière semble à accorder aux travailleurs de nuit. Ces derniers
présentent en effet, en cas d’accident du travail, des durées cumulées d’arrêt maladie beaucoup
plus longues que leurs homologues travaillant principalement de jour.

Le surcroît de nombre de jours d’arrêt maladie (hors accident du travail et maternité) concerne aussi les salariés exposés au port répété de charges lourdes ou aux vibrations mécaniques, avec une accentuation entre 2010 et 2017. Cette évolution de la corrélation entre intensité de l’absentéisme et expositions aux vibrations mécaniques est d’autant plus préoccupante que la proportion de salariés exposés à cette contrainte physique est en progression. Les mesures de prévention et de protection des nuisances sonores intensives semblent avoir davantage porté leurs fruits : d’une part, les taux d’exposition aux bruits
nocifs ont considérablement diminué sur la période et d’autre part, les risques accrus d’arrêt maladie
qui y étaient associés ont été éliminés. Pour ce facteur de pénibilité, les réflexions et efforts de
prévention doivent désormais porter sur les moyens de réduire les risques d’accident du travail.

Pour en savoir plus ; https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/a21274bc2c47be295a91c630ce263518/Dares_Documents_%C3%A9tudes_DISPARITES_EXPOSITION_PENIBILITE.pdf

Poster un commentaire

Classé dans Brèves