Les plateformes de mise en relations entre des entreprises et des particuliers (livraison de nourriture, micro-travail…) transforment les organisations classiques. Différentes conséquences sont déjà apparues et vont s’amplifier à l’avenir avec des enjeux d’importance.
Ainsi, de nouvelles questions se posent : les indépendants employés par les plateformes doivent-ils avoir un statut leur donnant des droits équivalents à ceux des salariés ? Quel est le responsable de la santé-sécurité de ces travailleurs : accidents du travail, maladies professionnelles, risques psychosociaux ?
Un groupe de travail piloté par l’INRS a dégagé des scénarios potentiels envisageant plusieurs formes de développement des plateformes à horizon de 10 ans. Ces projections permettent de sensibiliser aux évolutions susceptibles d’intervenir du fait la place croissante du numérique et de l’intelligence artificielle dans le monde du travail avec une parcellisation et une standardisation des tâches.
L’étude menées met en évidence le décalage existant entre le système actuel de prévention et de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles et l’absence de prise en charge des indépendants en cas de sinistre professionnel. Aujourd’hui, la plateforme utilisant des indépendants échappe à la réglementation applicable à l’employeur de salariés, même si elle est le principal prescripteur de l’activité à réaliser.
Le groupe de travail a identifié 3 pistes :
*Le travail réalisé via une plateforme conduit à réaliser des tâches souvent très limitées, standardisées et prescrites automatiquement. L’autonomie et les possibilités d’expression des individus dans leur travail sont réduites, favorisant en conséquence les facteurs de risques psychosociaux. A noter cependant que le développement de l’Intelligence Artificielle permettrait de réinstaurer un dialogue avec les indépendants et que les exigences de qualité des clients permettraient de réintroduire de l’expertise et de la compétence humaine dans le travail.
*Le travail de l’indépendant est solitaire car il travaille pour son compte. L’indépendant ne bénéficie pas d’un encadrement humain ; sa seule référence est l’évaluation de ses clients. Le soutien social -collègues ou hiérarchie- n’existe pas alors qu’il s’agit d’une ressource importante face aux exigences psychosociales du travail. A noter cependant que nouveaux collectifs apparaissent pour échanger ou revendiquer des droits.
*La prévention est source et facteur de performance et permet un retour sur investissement positif. Les plateformes auraient intérêt à assurer des missions de prévention pour fidéliser les indépendants et pour permettre d’optimiser la satisfaction client.
L’évolution du suivi de la santé des travailleurs est un autre enjeu majeur. Une piste pourrait être de développer objets connectés : montres, tissus intelligents…pour recenser capter et analyser des données de santé, produire automatiquement des alertes et assurer un suivi.
A suivre les évolutions sur le plan réglementaire (loi, jurisprudence) et sur le plan technologique (IA, algorithmes, big-data…) qui amorceront de nouveaux rapports sociaux au travail et des enjeux forts en matière de santé-sécurité.
Pour en savoir plus : Plateformisation 2027 : conséquences de l’uberisation en santé et sécurité au travail – janvier 2018
http://www.inrs.fr/header/presse/cp-plateformisation-2027.html
https://www.elegia.fr/actualites/sante-securite/enjeux-de-sante-securite-actuels-venir-travailleurs-plateformises?tracking-id=W18250_NewsletterSANTESECU&utm_source=Newsletters&utm_medium=Email&utm_campaign=NewsletterSANTESECU&IDCONTACT_MID=a51b56210c339230d59622843e0